Le denier film correct de Spike Lee remonte à loin : 2006, avec Inside Man, au moins. Est-ce l'arrivée au pouvoir d'un certain président américain, toujours est-il que notre hommes semble avoir retrouvé de la vitalité et l'envie d'en découdre. Ainsi donc, BlacKkKlansman renoue avec une énergie qui semblait le fuir depuis quelques années. Le sujet, c'est simple, c'est ce bon vieux racisme primaire américain, de retour au premier plan avec Trump et les événements de Charlottesville que Spike Lee n'omet pas de montrer pour parfaire sa démonstration, car il y a un côté démonstratif indéniable dans le film, mais comme c'est pour la bonne cause, on ne va pas trop ergoter là-dessus y compris lorsque Naissance d'une nation ou Autant en emporte le vent sont également convoqués pour enfoncer le clou. Le cinéma de Spike Lee, hormis peut-être dans Do the right Thing ou Nola Darling, n'a jamais brillé pour la finesse du trait et BlacKkKlansman a aussi cette lourdeur de style, du moins quand le cinéaste entend passer son message. Le film est hybride avec des éléments de comédie et de suspense, bien emballés avec des dialogues ciselés et une interprétation en tous points excellente, notamment avec John David Washington et Adam Driver. Au-delà du fait de rendre le KKK nerveux, mais il est douteux que ses adeptes aillent voir le film, Spike Lee s'en prend au suprémacisme blanc qui représente une sorte d'hydre qui semble impossible à éradiquer et qui n'a pas sévi seulement en Allemagne nazie ou en Afrique du Sud. Sur le plan cinématographique, BlacKkKlansman n'a rien d'exceptionnel mais d'un point de vue moral et sociologique il est ô combien salutaire.