Un film policier : indéniablement. Le personnage principal est un flic, qui mène une enquête. Nombre de scènes se déroulent dans un commissariat, et l'on y voit divers agents de la police de Colorado Springs en action, sur le terrain ou impliqués dans des tâches administratives diverses. Et puis, il y a un méchant parmi les méchants, un vrai psychotique : Felix, incarné par un (très bon) acteur à patronyme finnois. Et il y a le suspense à la fin : nos héros arriveront-ils à déjouer la sombre machination du KKK ?
Une comédie : sans aucun doute. Sarcastique en premier lieu, et dont la cible principale est le KKK. Dont les membres sont présentés comme des abrutis finis (Ivanhoé, notamment) s'agissant des grouillots ou comme des crétins bouffis d'autosuffisance pour ce qui est de leur chef, pardon de leur grand sorcier. Ce qui donne lieu à quelques scènes très réussies, même si elles sont d'un humour parfois grinçant.
Un film politique : absolument, et se prolongeant jusqu'à notre époque. A cause du final bien sûr, à cause du slogan "Make America great again", que le KKK et son grand sorcier utilisent à qui mieux mieux. Bon, il faut dire que le pitch du film se prête plutôt bien aux messages politiques. Et sachez également que David Duke (le grand sorcier) existe réellement, fait de la politique aux Etats-Unis et a même il y a quelques décennies été candidat aux primaires... démocrates où il remporta 0,06% des suffrages (oui, on peut faire mieux que notre Jean-François Copé national). Avant de revenir vers des rivages plus familiers, puisqu'il afficha son soutien à Trump lors de la dernière présidentielle, ce dernier l'envoyant d'ailleurs paître via un de ses célèbres tweets ravageurs. Un peu encombrant, le bonhomme, même pour un Trump...
Un film sur le racisme : on ne peut pas dire le contraire, c'est même le cœur du sujet. Nombreuses références au black power, aux blacks panthers, aux persécutions dont la communauté noire a été victime aux Etats-Unis. Et comme c'est aussi un film policier, le racisme dans la police y figure en bonne place. Avec la scène d'anthologie dans laquelle le flic noir essaie d'appréhender une suspecte blanche, arrivent alors deux flics (blancs) dans leur bagnole...je vous laisse imaginer leur réaction.
Un film sur la culture black des seventies : ben oui, c'est quand même d'un Spike Lee qu'on parle, là. Références sur le cinéma et la musique totalement obscures en ce qui me concerne, souvent glissées dans des scènes intermédiaires de badinage entre nos deux amoureux. Et puis les coiffures affro : plus vraies que vraies. Impossible de les louper celles-là. Et puis les numéros de cabotin de Ron Stallworth : du Spike Lee, quoi !
Une histoire vraie : eh ouais. Si vous avez lu attentivement jusque là, vous savez que David Duke existe réellement. Eh ben Ron Stallworth aussi, il est désormais à la retraite et coule des jours paisibles. Et, dans les grandes lignes, il a vraiment fait ce qu'il fait dans le film. Même si Spike Lee y a rajouté sa touche personnelle...
Voilà, avec un film qui est tellement de choses à la fois, ça part parfois un peu dans tous les sens, mais ça reste quand même sympa et agréable à regarder, avec un peu d'émotion à la fin. Mais, forcément, ça n'a pas tout à fait la même intensité dramatique qu'un Detroit, par exemple.