Après plusieurs films plus ou moins bons, Spike Lee revient en force. Exploitant les rouages d’une histoire insolite mais pourtant vraie, le réalisateur plus qu’engagé nous livre une œuvre dynamique et délicieusement incorrecte. Il arrive à osciller entre humour léché et militantisme assumé. Mais c’est là où le cinéma de Lee pêche pour un spectateur tel que moi, il ne laisse rien au hasard, et ne permet pas de s’ouvrir à la réflexion tant son parti pris est orienté. De plus, les transitions entre frappes humoristiques et instants dramatiques sont peu subtils, ce qui nous laisse penser que le réalisateur a eu du mal à s’accorder sur son sujet. Les personnages du KKK manquent cruellement de subtilité, même sous l’ère Trump, ils auraient mérité plus de relief afin de donner un crédit plus marqué au film. De l’autre côté, Spike Lee nous délivre un hommage sublime à sa communauté. A travers une mise en scène pointilleuse et soignée, la dimension émotionnelle s’abreuve de plans magnifiques, et mettant en avant toute une époque, un combat, une union. Rythmée par une bande originale électrisante, Lee utilise les codes propre à une époque bercée à la fois par une cool attitude, aussi bien que par une colère, que l’on constatera, à la fin du film, toujours plus vivace.
Même si il subsiste des imperfections certaines, Blackkklansman arrive à nous charmer de manière évidente par son groove, sa simplicité et son esthétisme au millimètre.