La séance s'est conclue sur des applaudissements émus et des reniflements, terrassés par la violence des images de Charlottesville, et se demandant, sur le portrait de la jeune femme décédée, comment cette haine destructrice et insensée peut exister en ce monde dit "civilisé"... Pour ceux qui auraient peur de l'aspect auteurial de ce film, sachez qu'il est accessible à tous les publics, cinéphiles comme simples curieux, Blackkklansman étant peut-être même le plus accessible des Spike Lee. De notre côté, on a particulièrement apprécié le jeu des acteurs qui est excellent (Driver brillant, et Washington dans son meilleur rôle jusqu'ici), et une mise en scène osée (même si certains effets ont eu tendance à devenir lourdingues comme les visages fixes lors du premier discours). Le son n'est pas toujours raccord, volontairement, avec le visuel, lors de certaines scènes, cela déstabilise au départ (le discours du début) puis l'on s'y fait, et cela brouille même certaines pistes (beaucoup ont cru que la supercherie allait capoter lorsque
l'on voit Driver descendre de la voiture pour aller au meeting pendant qu'on entend Washington parler au téléphone à un membre du KKK
... Mais on s'aperçoit juste après que cela ne se déroulait pas du tout en même temps) : Ouf. Il faut dire que la tension est palpable, et l'histoire très intéressante. Mais la musique parfois un peu gratuite nous aura surprise (le gros orchestre alors que Washington va juste ramasser une douille par terre...). Il n'en reste pas moins qu'on giflerait bien les vrais manifestants haineux que l'on voit à la fin, 60 ans après, sans aucune évolution de mentalité (le discours de Trump paraît bien creux à la fin du film). Malgré une mise en scène qui n'est pas notre tasse de thé, le sujet est soigné, étonnant, les acteurs sont brillants, et les dernières minutes sont très éprouvantes émotionnellement.