La « blaxploitation » est un sous-genre cinématographique qui a émergé et foisonné dans les seventies. Ces bobines, souvent ultra-violentes, destiné à un public afro-américain faisaient effectivement recette à l'époque, et l'on a pu dès loir voir naître des icones telles que « Shaft » ou « Coffy, la panthère noire de Harlem », pour ne citer que les principaux. Dans ce film de William Crain (à qui l'ont doit quelques épisodes des séries « Strasky et Hutch » et « Shérif, fais-moi peur ! », rien que ça !), nous avons affaire à un autre type de héros noir, à savoir : un vampire ! (Ok, si ça avait été une tomate tueuse noire, j'aurais peut-être pas fait d'article. Quoique...)
En 1780, lors d'une visite au comte Dracula, un prince africain propose d'abolir l'esclavage de son peuple, auquel prend part le sinistre vampire. Évidemment contraire à ce type de changement, Dracula, en guise de réponse, mord le prince et l'enferme dans un cercueil. « Blacula » - c'est désormais son surnom – est exhumé par erreur deux siècles plus tard et commence à mordre tout ce qui bouge.
Malgré ses allures évidente de série B bricolée, on tient ici un film qui met en parallèle vampirisme et question raciale. En effet, Blacula, à la base engagé dans une lutte contre l'esclavage de son peuple, une fois « corrompu » par l'homme blanc, se contrefout de la couleur de sa propre peau, ne croit plus en rien et dévore tout ce qui lui passe sous la dent, y compris ses frères de couleur. Il est permis de voir dans cette histoire la fin d'un combat politique laissant place à une pure logique du profit, qui elle, n'est ni noire, ni blanche, mais bien sans couleur.

(Cet article est paru dans le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" n°15 de novembre 2011,
voir www.lepoiscaille.be)
JJC
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le 20 nov. 2011

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