La SF "Deuxième Contact" !! Denis Villneuve frappe très For(t)d !!!

Je ne me considère pas être cinéphile, en fait, je me définirais plus comme un "apprenti-cinéphile".
Pour tout dire, j'ai grandi dans le paysage cinématographique Hollywoodien et côté SF, moi c'est de la bonne grosse Science Fiction bourrée d'action explosive qui fait mon bonheur en général (pour tout vous dire, j'ai dans mes films de SF préférés, "Avatar" et "Pacific Rim"...et je suis même un grand amateur de la saga "Transformers" de M.Bay). Donc la Science Fiction philosophique et contemplative, c'est quelque chose avec laquelle j'ai du mal à être diverti.
Lorsque j'ai découvert, seulement l'année dernière "Blade Runner" (1982) de Ridley Scott, je n'avais pas compris, je n'avais pas été emporté/transcendé par ce qu'une énorme majorité de spectateurs désignait comme THE chef d'oeuvre légitime de la SF, le film n'offrant que peu d'action pour un spectateur comme moi, au profil d'une réflexion des plus profonde sur l'intelligence artificielle sous les traits d'un film policier.
Puis au fil du temps, en entrant dans un cursus d'études d'Arts du Spectacle, en étudiant le Cinéma, j'ai finalement compris le génie de "Blade Runner", "Blade Runner" qui, je me suis rendu compte, était en fait un grand hommage moderne aux Films Noirs des années 40-50 maquillé de SF (mélange inédit au début des années 80) et Harrison Ford, en endossant le rôle du flic solitaire Rick Deckard, était tel Humphrey Bogart qui incarnait le personnage du Détective privé iconique du genre "Philip Marlowe" de Raymond Chandler dans "Le Grand Sommeil" d'Howard Hawks (1946).
A partir de cette prise de conscience et des clés culturelles que j'ai pu acquérir dans mes études de Cinéma, j'étais totalement sur qu'il y avait toutes les chances que j'apprécie bien mieux "Blade Runner 2049" (plus moderne) que "Blade Runner" de 1982.


"Blade Runner 2049", réalisé par Denis Villneuve ("Prisoners", "Sicario", "Enemy" et "Premier Contact"), suite du film culte de Ridley Scott, toujours adapté de la nouvelle de Philip K.Dick "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques" (1966) nous renvoi dans le futur dystopique ou cohabitent humanoïdes Réplicants et Humains, 30 ans après les événements du premier film.
L'Histoire prend place en 2049,


au cours des années 2020, le monde a connu une grave crise économique qui a fait sombrer la société Tyrell dans la faillite. Depuis, l'entreprise de conception des humanoïdes fut reprise par la société Wallace qui créa une nouvelle génération de robots.Entre temps, la situation s'est dégradée à Néo Los Angeles comme dans le reste d'un monde High Tech ou toute Nature a disparue et où les Réplicants sont plus déterminés que jamais à se libérer des colonies pour ne plus êtres les esclaves des humains, les discriminant comme de vulgaires robots. Dans ce contexte de délinquance et de discrimination, "K", un agent Blade Runner nouvelle génération chargé de maintenir l'ordre, traque les anciens modèles Réplicants semant le trouble.
Cependant, au cours de cette traque, K découvre une mystérieuse boîte enterrée au pied d'un arbre...une boîte don le contenu renferme un terrible secret....un secret qui pourrait même conduire à l'essence même de la vérité sur l'origine de la Création des Réplicants. En possession de cette boîte, le Blade Runner devient très vite la cible de l'entreprise Wallace et, traqué à son tour, K n'a d'autres choix que se lancer à la recherche de Rick Deckard, le seul qui puisse l'aider à déceler le vrai du faux. Mais Deckard a disparu il y a maintenant 30 ans.
Mais que contient cette fameuse boîte ? Quelles choquantes vérités renferme-t-elle ? Ou est Deckard et quel rôle joue-t-il dans cette affaire ? Quels sont les véritables objectifs de "Wallace Industry" ?
Et tout simplement, qu'est ce qui finalement fait d'un Humain un Humain et qu'est ce qui fait d'un Réplicant un Réplicant ??


Voilà pour le pitch global en essayant d'en dire le moins possible.


Verdict : Comme je l'ai dit en introduisant ma critique, je m'attendais à mieux apprécier "2049" au B.R original de part sa modernité et par une meilleure compréhension personnelle de l'oeuvre de Scott.....mais je n'aurais jamais cru aimer à CE POINT !!
Oh NOM DE * ce film est juste une pure tuerie !!!
"Blade Runner 2049" est une forme de perfection en soi !!
Bon, par ou commencer pour tenter de décortiquer les circuits d'un prototype aussi complexe ?!
Primo, le film est une parfaite extension de "Blade Runner" premier du nom, Denis Villneuve a prit un très gros risque en se frottant à la réalisation de la suite d'un tel mastodonte à la notoriété indéboulonnable qui, pendant des années et des années a pourtant échappée à la politique hollywoodienne des suites/remakes/sequels mais Denis voit son pari couronné de succès !
"2049" est à mon sens (et là ça risque de fâcher les fans inconditionnels du premier B.R O_O ^^) en tous points meilleur que le premier film !
"Blade Runner 2", premièrement, reprend très bien tous les codes de l'intrigue du film de Ridley, 35 ans plus tôt, doublé d'une excellente maîtrise des codes esthétiques et d'ambiance des films Noirs (multiplication des séquences de nuit, jeux d'ombres et de lumières, détective privé ambigu, femme fatale ect) schématiquement similaire mais différente dans le fond. Denis Villneuve ne s'est pas contenté de reprogrammer le même scénario bêtement schématique et mécanique mais a su respecter tout le matériau "sacré" de Ridley Scott pour, à travers une nouvelle intrigue en multiplier....et même décupler la force philosophique et réflexive qui atteint là une profondeur rare sans rien gâcher des acquis scénaristiques du premier opus !
A titre personnel, "Premier Contact" (2016) m'avait paru bien surcoté; malgré une réflexion argumentée solide sur la thématique du Langage, j'avais trouvé que Villneuve en était rester à une imitation des modèles phares Spielberg/Nolan/Scott/Kubrick sans trouver son style à lui; mais avec "Blade Runner 2049", pour son "Deuxième contact" avec la Science Fiction, le réalisateur de "Sicario" (2015) frappe très très For(t)d (ba dum tss !).
Entre "Blade Runner" (1982), "Le Cinquième Elément" (1997), "Ghost in the Shell" de Mamoru Oshii (1995), "I Robot" d'Alex Proyas (2004), "Les Fils de l'Homme" d'Alfonso Cuaron (2006), "Her" (2014) et bien évidemment "Premier Contact" (2016), Villneuve réussi à faire du neuf avec du vieux, un peu comme J.J Abrams avec "Star Wars 7" à savoir toucher à la fois les nostalgiques, fans de la première heure de l'oeuvre de Papi Scott ET les jeunes spectateurs pas forcément connaisseur du premier grâce aux effets spéciaux plus actuels.
Ici, Villneuve n'en finit plus de multiplier on ne peut mieux les questionnements existentiels déjà relevés par Ridley et les pousse à leur paroxysme en les articulant toutes dans son intrigue policière mais sans jamais faire buger le système.
En quoi un Humain est il différent d'un Humanoïde ? Quelles est la frontière entre eux ? Les Réplicants sont ils les esclaves des humains ? Sont ils dotés d'une âme ? d'une conscience ? de sentiments ? de souvenirs ? de désirs ? de Libre Arbitre ? Toutes ça est "robotechniquement" articulé à des thématiques crues et dures telles que la Discrimination et la solitude, tout ça toujours sur la base Cartésienne évidente du "je pense donc je suis".
Sans parler du fait qu'on ai un discours quasi


Biblique des fois, avec les objectifs de Niander Wallace (Jared Leto) qui au delà de la conception d'humanoïdes souhaite aboutir à la création d'un être parfait et se rapprocher de Dieu. Y a des fois ou j'ai limite eu l'impression d'avoir affaire à "Neon Genesis Evangelion" (1995) avec toutes ses allusions aux anges et à l'Eden (j'y pense, l'arbre ou K trouve la boîte....c'est le seul arbre de ce monde post-apocalyptique...arbre, paradis perdu...l'Arbre de la Connaissance ! Comme si en découvrant et en ouvrant la boîte contenant les restes d'un Réplicant Femelle, telle le mythe de la boîte de Pandore, K avait commit le Pêcher O_O....). C'est Hideaki Anno qui était au script ou quoi ??! XD


Comme disait Socrate: "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien", eh ben perso, c'est exactement de cette manière que j'ai résonné en regardant "2049", je peux essayer de disserter des heures dessus, je sais que je n'arriverais pas à tout saisir; et c'est en ça que c'est passionnant, savoir que je ne comprend pas tout ne m'a pas gêné mais bien au contraire c'est fascinant ! Même pendant les 2h44, jamais ennui n'a été ressenti, c'est passé comme une lettre à la poste alors que pourtant j'ai plutôt du mal avec des films de plus de 2h30 !
Visuellement et esthétiquement, "Blade Runner 2" nous immerge...presque physiquement ! absolument éblouissant, époustouflant, bluffant, le film nous absorbe (et la 3D renforce ce sentiment) ! Entre les décors futuristes de la métropole pluvieuse nocturne avec ses buildings high tech, ses néons, ses voitures volantes et ses hologrammes féminins (OMG l'animation des hologrammes ! Elle est juste A-W-E-S-O-M-E !) dans des plans généraux en contre plongé qui subliment toute la mélancolie de cette dystopie fictive, en passant par le désert urbain aride et poussiéreux à la "Mad Max" ou l'on sent un pessimisme à la "Walle" (2008) !
La caméra a vraiment ici une utilisation mûrement réfléchie et n'est pas là que pou simplement véhiculer les images mais constitue presque une entité a elle seule, comme si l'on avait affaire à un robot. On a même à un moment une mise en abyme de la caméra de cinéma avec une caméra dans la caméra (interne à la diégèse du film) ! La caméra devient ici un robot, un point de vue à part entière qui "traque" le personnage joué par Ryan Gosling, et nous amène à penser que la caméra incarne "matériellement" les problématiques morales. La caméra a une présence oppressante dans les échelles de plans, elle cerne le personnage comme pour remettre visuellement en question le libre arbitre du Réplicant (punaise que c'est bien pensé !) !


On a aussi le moment au début ou K subit l'interrogatoire de l'ordinateur, c'est une référence directe à Hal dans "2001: l'odyssée de l'Espace.


Les personnages sont impeccables, pas esclaves de l'intrigue mais au contraire, tout d'abord l'agent K campé par Ryan.
Alors mon cher Ryan, entre nous, ça a pas très bien commencé. Lorsque je t'ai rencontré dans "Drive" en 2011, je ne t'ai pas apprécier je l'avoue, je n'avais guère apprécier ton personnage du Driver insociable, antipathique et violent. Mais avec le temps, j'ai pu te redécouvrir dans "The Big Short: le casse du siècle" d'Adam McKay (2015), talentueux dans "La La Land", pour enfin comprendre avec "Blade Runner 2049" que tu es un grand acteur !
Le personnage de K, ("Gosling in the Shell") est intrigant, énigmatique, mystérieux, c'est un protagoniste don on sait peu de chose et qu'on découvre en même temps que lui même se découvre au fil des révélations de l'enquête. Le personnage est distant et pourtant on le sent proche de nous. Si le film dure 2h44 ça n'est pas pour rien, cette longueur témoigne de la complexité psychologique du personnage en quête d'identité et la volonté de le développer sur tous les plans et tous les environnements (socio-culturel, politique ect). On sent le personnage égaré, à la recherche de vérité, notamment via au nombreux gros plans ou il est filmé dans l'obscurité, tiraillé entre l'ombre et la lumière (un peu comme dans les films expressionnistes des années 30).
Ensuite, bien évidemment on a


le retour d'Harrison Ford ! Finalement, le personnage de Rick Deckard n'apparaît que dans le dernier quart du film (genre les 30-40 dernières minutes),
ça en décevra certains mais personnellement, en réfléchissant, n'est ce pas justement la meilleure solution ? Je veux dire, le fait de ne montrer Deckard que dans le dernier acte casse avec l'idée que "Blade Runner 2049" n'est pas une suite fan service pour les fans d'Harrison Ford. Cette suite n'est pas faite pour mettre Ford en avant mais belle et bien Gosling, c'est lui l'intérêt premier.


On a aussi Ana de Armas ("Knock Knock" avec Keanu Reeves en 2015) qui,


même si elle joue une hologramme, je l'ai trouvé vraiment sincère dans ce rôle qui lui donne une grande épaisseur dramatique (elle m'a beaucoup fait penser à Samantha dans "Her").


Jared Leto aussi est très bon, on le voit peu mais c'est ce qui renforce son aura diabolique (pas comme le Joker dans "Suicide Squad" ^^).
Sans parler non plus de cette musique ténébreuse quasi angoissante qui pourtant fascine parce que justement elle est stressante !
BON, là je crois que ça y est, dur dur de tenter d'analyser la suite d'un film aussi culte que "Blade Runner" ^^. Pour conclure, "Blade Runner 2049" est pour moi un immense coup de coeur, une suite plus qu'honorable à l'oeuvre de Ridley Scott, un nouveau prototype remarquable ! Denis Villneuve nous a réalisé là une vraie masterpiece qui est sans aucun doute l'un des meilleurs films de SF depuis "Interstellar" de Nolan (2014).
Pour le coup je vais m'empresser de me faire toute la filmographie du réalisateur (et me refaire "Premier Contact") en attendant impatiemment "Dune: première partie" calé pour 2019.

Créée

le 21 oct. 2017

Critique lue 818 fois

36 j'aime

25 commentaires

L_Otaku_Sensei

Écrit par

Critique lue 818 fois

36
25

D'autres avis sur Blade Runner 2049

Blade Runner 2049
Djack-le-Flemmard
5

Blade Ruinneur

Denis Villeneuve est un metteur en scène qu'on apprécie. Sicario, Enemy, Premier Contact... la plupart de ses œuvres sont puissantes, et on sait le bonhomme capable de mettre une beauté plastique...

le 4 oct. 2017

211 j'aime

40

Blade Runner 2049
Chaosmos
9

Simulacres et simulation

Pourquoi Blade Runner 2049 ? Cette question se posait à l'annonce d'une suite aussi intrigante qu'inquiétante et force est de constater qu'elle se pose encore aujourd'hui. La nouvelle création de...

le 5 oct. 2017

166 j'aime

32

Blade Runner 2049
Behind_the_Mask
9

Solitudes hémorragiques

Pour ne pas être seul, on se réfugie dans une mégalopole techno. On vit les uns sur les autres dans des cités dortoirs. Et personne ne se connaît. Et les rues sont remplies, de gens qui baissent la...

le 4 oct. 2017

155 j'aime

35

Du même critique

Silent Voice
L_Otaku_Sensei
9

" L'Amitié existe au delà des mots et de la logique ! "

(cf : le titre est une citation de Kagatsuka dans le film, confiant sa définition de l'amitié à Shoya. Le sens de cette phrase m'a paru très bien résumer la morale et la philosophie du long...

le 7 juin 2017

84 j'aime

27

Wonder Woman
L_Otaku_Sensei
7

Un blockbuster ré"GAL"ant ! Patty Jenkins sort l'artillerie lourde !!

Wonder Woman, encore un film de Super Héros et déjà le 3ème de l'année 2017 après Logan et les Gardiens de la Galaxie 2 ! Après Marvel, c'est au tour de DC de faire son retour sur le ring à...

le 10 juin 2017

52 j'aime

7