La prise de risque était maximale : malgré les 35 années qui se sont écoulées, les cinéphiles ont en tête l’imaginaire visionnaire de Ridley Scott et de son Blade Runner, qui a entre autres inspiré plus récemment certains univers de la 2e trilogie Star Wars ou Le 5e Élément de Luc Besson… Pour ne citer qu’eux. Avec Denis Villeneuve à la réalisation, porté par le succès que lui a valu son essai SF, Premier Contact, en 2016, la suite gagne en légitimité. Le Canadien réussit son pari de faire un film résolument moderne, d’une beauté rare, mais fidèle à l’esthétique hypnotique et mélancolique du premier opus.


Comme à son habitude, le réalisateur prend le temps d’installer son nouveau personnage et son univers. En l’occurrence, l’officier K, copie carbone de Rick Deckard quelques années plus tôt. Taciturne, vide de toute émotion, il est admirablement campé par Ryan Gosling, parfait dans ce rôle en quête de son identité. Visuellement, Blade Runner 2049 est tout simplement bluffant. Aux méga cités futuristes, Denis Villeneuve mêle les ruines post-apocalyptiques d’un monde inhabitable, où seuls les hologrammes des idoles passées et les buildings ensablés témoignent de la présence de l’homme auparavant.


De la machine ou de l’homme, qui est le plus humain ? C’est finalement la question philosophique qui traverse tout le film. Un thème renforcé par la performance générale d’un casting haut-de-gamme : citons notamment Robin Wright, efficace en chef de la police dénuée de tout sentiment ou presque, Ana de Armas, une intelligence artificielle éprise de l’officier K, ou Jared Leto, fabricant de robots christique convaincu que ses androïdes peuvent supplanter les hommes.
Philosophique et stylisé, intelligent et émouvant, Blade Runner 2049 est incontournable et place définitivement Denis Villeneuve au rang des cinéastes hollywoodiens qui, à l’instar de Stanley Kubrick et David Lynch, puis Christopher Nolan, J.J. Abrams ou Alfonso Cuaron, réconcilie la science-fiction avec le grand public.

Adao
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le 12 oct. 2017

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Adao

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