Blade Ruinneur
Denis Villeneuve est un metteur en scène qu'on apprécie. Sicario, Enemy, Premier Contact... la plupart de ses œuvres sont puissantes, et on sait le bonhomme capable de mettre une beauté plastique...
le 4 oct. 2017
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Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? Je ne sais pas, mais Denis Villeneuve rêvait d’une suite audacieuse et à son image. C’est parfaitement réussi.
Il fallait oser s’attaquer à Blade Runner (de Ridley Scott). C’est un univers tellement riche qu’on aurait pu en faire n’importe quoi. Mais Denis Villeneuve a réussi le tour de force d’inscrire Blade Runner 2049 dans la logique du premier film (malgré ces nombreux défauts) sans faire une suite facile. Malgré un élément important :
Le fait que l’intrigue de BR2049 repose sur l’enfant né de la relation (forcée) entre Rick Deckard (Harrison Ford) et Rachael (Sean Young), ce qui est pour moi l’élément le moins bien construit du premier Blade Runner (comparé au roman de Philip K. Dick par exemple)
Malgré cela, le film en tant que tel est captivant. On suit de nouveau une enquête policière prétexte à un film de SF qui pose des questions. Et sur ce point, Denis Villeneuve a réussi ce que, à mon sens, Ridley Scott avait échoué : questionner comme peut le faire le roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques sur la quête d’identité, ce qui fait l’être humain, la place de l’être humain au sein des autres espèces etc. Ces thèmes sont très bien abordés dans BR2049 notamment parce que K (Ryan Gosling) pense pendant tout le film qu’il est spécial, ou par le personnage de Joi (Ana de Armas). Elle permet de se questionner sur le libre-arbitre car K va clairement à l’encontre de sa hiérarchie mais rien ne permet de dire si Joi est programmée pour dire à K tout ce qu’il veut entendre ou si elle développe un amour réel envers lui. Et puis, cela restructure un peu la place de chacun, les humains ont des répliquants et le répliquant a une IA holographique (rendant le répliquant plus humain d’une certaine manière).
Dying for the right cause. It's the most human thing we can do.
Le personnage de K est évidemment aussi très intéressant. Et puis c’est clairement un rôle taillé pour Ryan Gosling : mystérieux, torturé, silencieux. A contrario, d’autres personnages sont beaucoup moins développés comme le Dr. Ana Stelline (Carla Juri).
Dont le twist sort un peu de nul part.
Ou comme Wallace (Jared Leto) qui sert tellement à rien dans le film qu’il est complément sous-développé par rapport aux autres personnages. On ne connait pas son histoire, son passé (notamment concernant sa cécité), et on peine à comprendre son but. Autant la police souhaite préserver la place de l’être humain, autant l’armée de Nexus souhaite faire une révolution mais Wallace… Il veut créer plus de Nexus mais en tue deux dans le film, il veut retrouver Deckard qui n’a aucune info… Bref, on pourrait retirer toutes les scènes de Jared Leto, ça ne modifierai pas le film.
Au final, une bonne note tout de même parce qu’il y a certaines choses intéressantes et qu’il propose une nouvelle lecture du premier film (et si l’amour entre Deckard et Rachel était programmée ?) mais Villeneuve avait clairement misé sur la forme plutôt que sur le fond. Attention que cela ne devienne pas une habitude.
Soyons clair, c’est ma-gni-fique. Blade Runner ne m’avait pas fait décrocher la mâchoire. Toutefois, j’étais conscient qu’à sa sortie en 1982, ce film avait dû être une sacrée performance technique avec ces décors énormes, tous ces figurants et ces effets futuristes. Eh bien, Denis Villeneuve a recréé cela en 2017 avec BR2049 ! Ce film est tellement beau techniquement. Villeneuve travaille beaucoup le monumentalisme, il aime montrer des choses énormes et faire en sorte que le spectateur se dise « ouah, c’est énorme ». C’était déjà le cas dans Premier contact où il y avait des incroyables plans du vaisseau installé sur la plaine brumeuse. Et il y a de nouveau des scènes dans BR2049 où Ryan Gosling est perdu dans des paysages désolés immenses.
Got a name ?
Officer KD6-3...
That's not a name. It's a serial number.
All right. Joe.
Au niveau du rythme, c’est sûr, le film est long (2h44) mais bizarrement il m’a paru plus court que Blade Runner malgré l’heure de plus au chrono. Alors, c’est clair, il n’y a pas une explosion ou une scène d’action toutes les quatre minutes. C’est un Blade Runner, pas un Expendables ! Mais ce qui est cool avec ce rythme, c’est qu’il laisse au spectateur le temps d’admirer la beauté des lumières, des couleurs, des jeux d’ombres, des floues…Un gros travail avait déjà été fait sur Premier Contact mais La la land (de Damien Chazelle) avait tout raflé. Là, ça sent bon l’Oscar de la meilleure photo !
EDIT après la 90ème cérémonie des Oscars : Bingo ! Ainsi que l'Oscar des meilleurs effets visuels.
Les effets spéciaux sont également très propres et arrivent à faire tout juste ce qu’il faut sans volonté démesurée de mettre plein les yeux au spectateur. La plupart des effets avec Joi est très sympa, que ce soit le passement d’une épaule à l’autre de K lorsqu’il regarde les registres ADN ou la scène de synchronisation avec Mariette (Mackenzie Davis). Et à chaque fois, l’effet sert le film, transmet une émotion ou une idée. Il ne s’agit pas (que) de faire une belle image. Nos yeux sont servis donc, mais nos oreilles aussi ! La bande son (qu’on pourrait qualifier antinomiquement de rétro-futuriste) réussit à garder l’esprit du premier Blade Runner tout en créant sa propre identité. Très fort !
Bonus acteur : Oui
Le bonus a pour effet d'ajouter 0,5 étoile sur la note finale. Il est attribué pour la prestation de Ryan Gosling
Malus acteur : Non
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Créée
le 17 mai 2018
Critique lue 220 fois
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