Blade Ruinneur
Denis Villeneuve est un metteur en scène qu'on apprécie. Sicario, Enemy, Premier Contact... la plupart de ses œuvres sont puissantes, et on sait le bonhomme capable de mettre une beauté plastique...
le 4 oct. 2017
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Alors que les blockbusters actuels font dans le surplus d'effets spéciaux, d'actions inutiles et de scénarios vide de tout sens, certain irréductibles réalisateurs présentent et osent des projets à contre-pied de cette mauvaise mouvance. C'est le cas de Denis Villeneuve, l'homme à l'origine de Prisoners, Enemy, Incendies et surtout Arrival, véritable chef-d'œuvre et renouveau de la SF, qui s'attaque alors à l'un des films les plus mythiques, Blade Runner.
Si je dis qu'il est à contre-pied des productions actuelles, c'est parce que Blade Runner 2049 ne cède pas aux facilités, déjà, exit les scènes d'actions qui font mal au crâne et bienvenue à la lenteur, à la musique, à l'ambiance lancinante et à la réalisation léchée, dès le premier plan on sait dans quoi on s'embarque, le film sera beau, très beau, le travail sur les lumières est magnifique, que ce soit les contre-jours laissant uniquement entrevoir des silhouettes, les couleurs néon d'une ville en pleine agonie ou encore le gris des déserts de décharges, chaque plan dépeint une histoire, l'histoire du passé qui consume la Terre petit à petit depuis des dizaines d'années.
Denis Villeneuve arrive avec son film longtemps après Ridley Scott, il le sait et en profite, il l'utilise comme un avantage là où on le voyait comme un inconvénient. Les réplicants ont changé, ils sont sages et ont éclipsé les premières générations comme pour les nombreuses suites et reboot de films d'aujourd'hui, on voit là-dedans une double lecture, la nouveauté prend place mais Villeneuve prête attention à ne jamais oublier où est l'original, il ne fait pas cette erreur et magnifie une histoire en y ajoutant un nouveau background (Blackout 2022), une sorte d'univers étendu qui ne prend jamais le dessus, mais qui n'est pas en dessous pour autant.
Le personnage de Ryan Gosling (qui fait du Ryan Gosling) est un être qui n'avait aucun but, qui ère et qui va se dépasser, en pleine quête de souvenir, d'amour, qui va simplement se construire une vie. K est constamment sous cette emprise de l'émotion, partageant le semblant de vie qu'il mène avec une intelligence artificielles plus vrai que nature, un compagnon qui ne trahira jamais, du moins pas comme on l'entend nous, il y a en ça un peu de "Her", et ça en est tout aussi bouleversant. Il est le point central de nombreux thèmes, qui pour beaucoup d'entre eux ont déjà été abordés dans la science-fiction, si le fond nous est alors familier, c'est la forme et le point de vue opposé à celui de Deckard qui va le changer. Lui et K, deux être différents qui se complètent, en pleine recherche d'un passé et d'une identité.
2049 n'est pas nécessairement mieux que Blade Runner, ils se complètent, la mélancolie du film original est là, Blade Runner 2049 est dans la continuité sans être une redite, il partait dernier avec la certitude de voir les détracteurs offrir leur fureur, et tel les plus grands sportifs Villeneuve remonte et finit en haut du classement, son film est réussi, c'est même un chef-d'œuvre, il ne tombe pas dans la facilité, son scénario explore beaucoup de pistes et n'en garde qu'une seule, une qui prend tout son sens et que personne ne voit venir, c'est à nouveau une leçon de cinéma, et si vous pensiez qu'il avait encore des choses à prouver même après Arrival, vous avez une nouvelle confirmation de l'étendue de son talent.
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le 4 oct. 2017
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