Blade Ruinneur
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le 4 oct. 2017
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C’est en sortant de la salle de cinéma que j’ai su qu’il fallait que j’écrive au sujet de ce film.
Blade Runner 2049 frappe par sa cohésion et le fait que tous les éléments qui le compose participent à une unité de ton et d’émotion parfaitement équilibrée.
Esthétiquement, on aura rarement vu un film aussi riche. S’il l’on peut s’extasier comme toujours devant la photographie époustouflante de Roger Deakins, il faut souligner également le travail accompli sur les décors et les accessoires qui contribuent ensemble à rendre presque tangible cet univers qui nous dépasse. Par ailleurs, le film dépasse toutes les espérances avec ses effets visuels. Il me semble impossible de définir la frontière entre le réel et le virtuel tant l’ensemble se fond à la perfection.
J’ai rarement ressenti une telle stupéfaction quand s’approchait Rachel, me demandant comment une telle prouesse était possible.
Du point de vue sonore, on assiste à une osmose rarement atteinte, et qui n’a d’égal dans mes souvenirs que The Revenant ou encore Arrival du même réalisateur, Denis Villeneuve. Entre les bruitages du film et le design sonore, il se dégage une émotion poignante renforcée par la composition idiosyncratique de Hans Zimmer et Benjamin Wallfisch. C’est une B.O. qui habite le film, qui se mêle au reste du design sonore si bien qu’on n’en entend plus la limite. Une composition riche en timbres électroniques que j’apprécie beaucoup et qui constitue un bel hommage à Vangelis dont on retrouve parfois les timbres.
On retrouve dans le long-métrage les thèmes philosophiques qui faisaient la richesse du premier film, et qui servent de pont avec les nouveaux sujets que le film aborde. Il y a au centre de ce film le rejet des humains vis-à-vis des réplicants. C’est un miroir que le film nous tend lorsqu’il montre les discriminations auxquelles font face les réplicants. En vertu de quoi nous permettons nous de maltraiter d’autres humains alors qu’ils nous sont semblables ? De quel droit les humains s’octroient-t-ils de mépriser les réplicants sous prétexte qu’ils sont une création et qu’ils ne sont pas nés ? Ces interrogations rejoignent celle du premier film : qu’est-ce qui fait de nous des êtres humains et pas des outils ?
A la définition d’être humain ou d’être un humain s’attache la question de la dignité humaine. Le film semble répondre que c’est bien plus le regard que les autres portent sur nous voire celui que nous portons sur nous-mêmes qui nous fait acquérir notre dignité ; et pas simplement le fait d’être nés d’un homme et d’une femme.
Ce rejet semble en tout cas conduire la société au bord de la guerre civile.
On voit également aborder le sujet de la prédestination : quelle valeur morale attribuer à nos actions, si nous sommes destinés à les accomplir ? Avons-nous alors vraiment le choix de nos actions ? Et enfin, le fait de savoir que nous sommes prédestinés influence-t-il le cours de nos décisions ?
De toutes ces réflexions nait une incertitude. Le doute est haïssable à l’esprit humain. Et cet état de fait alimente l’inquiétude et la tristesse que l’on peut nourrir au visionnage de film. Car en dépit du tableau noir d’une fiction apocalyptique que dresse le film, une des raisons de notre inquiétude est l’intuition malaisante de voir un jour ce futur devenir réalité. Rien n’est plus réel en effet que ces maraîchages sous serre qu’on trouve en Espagne, ou ces décharges s’étendant à perte de vue qu’elles soient en Inde ou en Afrique, ou ces villes qui se réfugie derrière des murs face à la montée des eaux, ou ces régions désertées après une catastrophe nucléaire.
Ce film serait-il un avertissement ?
Nous le saurons bien assez tôt.
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Créée
le 15 oct. 2017
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