Blade Ruinneur
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le 4 oct. 2017
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J’ai attendu 35 ans et une dizaine de visionnages émerveillés de Blade Runner pour en tirer une critique. Après avoir vu le second volet hier, j’hésite à en extraire, à chaud, une synthèse.
Blade Runner contait une chasse à l’homme, qui se concluait par la fuite de Rick Deckard (Harrison Ford) et de Rachel. Les rare androïdes réplicants, haïs et pourchassés par les humains, semblaient les seuls à éprouver des émotions, les seuls capables d’aimer. Trente années plus tard, Blade Runner 2049 décrit une nouvelle chasse à l’homme qui aboutit au retour des fuyards. La boucle est bouclée.
Le cinéma, c’est une animation d'images. Avouons que celles de Denis Villeneuve sont somptueuses, les plus belles depuis le choc d’Avatar. Le premier volet nous faisait découvrir une ville titanesque. Depuis, le monde a chu. L’enquête du réplicant K (Ryan Gosling) nous balade au travers du sud-ouest des États-Unis. Chaque séquence est d’une richesse et d’une créativité inouïe, le travail sur la couleur, la matière, la lumière, la musique ou la profondeur de champ est admirable. K se meut doucement et en silence, il observe, le film se fait contemplation, c’est beau. Terre grise, poussière rouge, ferraille noire, ville dans la nuit électrique ou sous la pluie battante, ressac nocturne, neige blanche… Notre univers est superbe, mais agonisant, la nature a fui, le soleil disparu. Les humains se terrent. Nous n’en rencontrerons que deux, un fou génial et une policière lucide et sage.
Le cinéma, c’est aussi une histoire. Le scénario du premier volet était révolutionnaire. L’androïde peut-il s’humaniser ? Qu’est-ce que l’âme et l’amour ? Depuis, le sujet a été mille fois traité, de Ghost in the shell à A.I. Que faire ? Alors, les scénaristes ont brodé et habilement recyclé des succès récents, la grande révolte des esclaves (La Planète des singes), les bons et les mauvais rebelles (X-men), le messie caché (Les fils de l’homme) et attendu (Dune), l’amour virtuel (Her), le scientifique démiurge et amoral (Ex machina), les drones (Good kill). K est-il le messie ? le premier réplicant humain ? Le casting est parfait et la fin habile.
Les robots se sont fait humains, seule ma fille a pleuré. C’est fini.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Philip K. Dick : films tirés ou inspirés par son oeuvre, 90 critiques de petits ou grands blockbusters, 49 critiques de films de science fiction, 54 critiques de films franchisés : préquels, séquels ou remakes et 76 films vus et critiqués en 2017
Créée
le 8 oct. 2017
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19 commentaires
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