“Blancanieves”, mix parfait entre ancienne et nouvelle école!

L’année 2011 a notamment été marqué par le pari The Artist de Michel Hazanavicius, succès incontestable mais pas risqué pour autant: film d’un réalisateur renommé avec un acteur tout aussi connu, faisant un remake du chef d’oeuvre Chantons sous la pluie... L’année qui suit donnera le jour à un projet bien plus ambitieux avec le Blancanieves de Pablo Berger. Adaptation très libre du conte éponyme des frères Grimm, le long-métrage est ancré dans l’Andalousie du XXème siècle, aux airs de flamenco et de corridas. 
Visuellement le film est tout simplement sublime! Le metteur en scène opte pour un noir et blanc saturé dans un ratio de cadre “vintage”. Cela va donc de paire avec sa réactualisation du film muet et l’on peut même discerner quelques hommages aux auteurs d’antan comme Georges Méliès ou Carl Theodor Dreyer! En effet, certains jugent le film comme étant kitch dans ses effets visuels mais ce sont tout simplement des clins d’oeil aux superpositions d’images de l’époque. Cela donne un cachet fou au film et montre la déclaration d’amour faite au 7éme art par son auteur. De plus, Pablo Berger use de très gros plans distordant l’image, créant alors une impasse pour les personnages, mis au pied du mur et condamnés à suivre leur destiné... Le parallèle avec La Passion de Jeanne d’Arc saute donc directement aux yeux sur certaines séquences et ce n’est pas pour nous déplaire!
Mais le long-métrage ne se contente pas de faire un simple hommage formel en théâtre filmé et demeure moderne dans bien des aspects. Un sens du montage cut dans les scènes de tensions, une caméra libre comme l’air et une audace folle dans les scènes de corrida! L’exemple parfait reste le duel final entre Carmencita (Blancanieves) et son imposant taureau. La séquence se suspend un instant puis repart au rythme des guitares andalouses et des claquements de mains Sévillans. Les images s’enchainent alors à une vitesse folle et montrent la délivrance de cette femme au talent extraordinaire! D’ailleurs, il est important de noter la virtuosité de la mise en scène qui parvient à nous faire croire que le personnage torée réellement - chose peu commune et très difficile à retranscrire au cinéma - et parvient même à nous éviter une mise à mort qui aurait pu choquer certaines personnes.

J’aime surtout l’aspect social de Blancanieves qui nous montre par bribes une Espagne rurale, poussiéreuse et remplie de misère, où les seuls divertissements sont des spectacles burlesques de troupes itinérantes. L’avantage de revisiter drastiquement un classique comme “Blanche Neige” reste les nombreuses surprises que cela apporte. Certes nous connaissons tous la trame du conte originel, mais Pablo Berger y insuffle sa culture Espagnole ainsi que des éléments typiques de l’époque retranscrite. C’est notamment grâce à cela que nous faisons face à un freak show malheureusement trop peu exploité...


Finalement, Blancanieves est l’exemple parfait d’une adaptation intelligente et audacieuse! Au lieu de tomber dans une facilité crasse comme pourraient le faire certains studios, son auteur a réalisé un projet d’une audace folle et d’une poésie remarquable. Ce film reste l’art de se ré-approprier totalement une oeuvre en la transposant dans la culture d’un pays différent de celui d’origine. Certains réalisateurs devraient prendre des notes... Après tout, EL señor Berger arrive à mêler ancienne et nouvelle école cinématographique, revisite un classique de la littérature et nous fait même oublier le premier Disney! Que demander de plus? Puis lorsque le film se termine, que nous séchons nos larmes suite à la beauté de son final, une seule idée nous vient en tête: aller boire une bière sous le soleil Andalous en écoutant du Flamenco devant la Plaza de Toros de Séville!
Matcinéphile
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le 19 déc. 2019

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