Un beau conte muet à la mise en scène inventive
Le muet est l'enfance de l'art cinématographique, mais parfois c'est aussi l'art de l'enfance, du conte. En témoigne ce deuxième film de Pablo Berger, après le déjà excellent "Torremolinos 73" (2005). Carmencitta naquit il y a un siècle d'un père toréador et d'une mère diva qui meurt en accouchant. Son père étant devenu paralysé suite à un accident lors d'une corrida, elle est élevée par sa grand-mère... Pablo Berger transpose librement Blanche-Neige : il y aura une marâtre et une ribambelle de nains. Formellement beau (photo, musique, interprétations), le film bénéficie d'une mise en scène extrêmement inventive : par exemple, pour suggérer la mort d'un personnage, un tourne-disque s'arrête, et une robe blanche est trempée dans une bassine d'encre pour prendre la couleur noire du deuil... Contrairement à "The Artist", qui était davantage dans le clin d'oeil cinéphile, cette inventivité visuelle est mise au service d'une narration touffue. Une très belle réussite.