Bambo (Mashup de Rambo et Bambi)

En 1984 ce bon Lamberto Bava parvient à réaliser (sous le pseudo de John Old Jr) un impensable mash-up entre Délivrance - Rambo - Mad Max et Bambi , le tout avec un titre de film de science fiction puisque au tout départ Blastfighter devait en être un. Le film de Bava Junior est une bonne grosse série B réjouissante et un nanar particulièrement mis en valeur par une magnifique version française.

Blastfighter l’exécuteur raconte donc l'histoire de Tiger Shark (Un mec qui s'appelle Requin Tigre ça impose d'emblée plus le respect que Chaton Poulpe), un ancien flic qui sort de dix ans de prison pour avoir exécuté sans passer par la case justice le meurtrier de sa femme. Ce bon Tiger souhaite se retirer au fond des bois et communier avec mère nature loin de toute la violence abjecte de ce monde absurde et cruel . Mais une fois sur place il se heurte immédiatement aux méchants rednecks chasseurs du coin qui tuent plein d'animaux, ricanent bien trop fort, égorgent son Bambi de compagnie, tuent ses deux potes et tentent de violer sa fille avant de l'assassiner. C'est un peu trop, même pour un homme en quête de paix intérieur et qui va alors ressortir sa grosse pétoire pour dessouder du chasseur par paquets de douze, un peu comme moi je descend pack de six devant ce genre de spectacle.

Effectivement la réputation hybride du film n'est pas usurpé et l'on sent que Lamberto Bava lorgne un peu du côté de Mad Max avec ce flic face à des méchants qui s'en prennent à sa famille , Rambo lorsque Tiger se transforme en machine à tuer dans un décor forestier alors que son désir premier était d'être tranquille , Délivrance pour tout l'aspect rednecks et j'ajouterais donc ma petite touche personnelle avec Bambi tant cette courte histoire montrant le héros qui recueille un pauvre faon abandonné et tente d'en faire son ami m'aura ému aux larmes. Lamberto Bava ne cache pas ses influences d'ailleurs et il embauche même Billy Redden et son banjo (le gamin de Délivrance) pour une courte apparition. Mais en gros artisan du bis qu'il est , Lamberto Bava ne connaît pas trop le sens de la nuance ni de la mesure, il suffit de voir comment il caractérise les méchants du film qui sont une bande de bouseux qui semblent sous cocaïne tant ils s'excitent en gesticulant pour tout et n'importe quoi. Ils introduisent toutes leurs phrases par un "Whaou , Yaha, Yihihi , yehéhé" avant de la conclure par un rire aussi gras que niais ce qui est plutôt amusant surtout quand un des personnages possède une voix nasillarde d'adolescent. Ce qui donne par exemple avec cette ponctuation très locale : "Whaouhou mais ma parole ce salaud nous cherche des rognes ahahah", "Yihihi lèche les cailloux merdeux de flic Ahahah !!" ou "Yéhéhé si il est pas brûlé je rapportes sa vessie au chinois Ahahah " , car oui il est aussi question aussi d'un trafic d'organes d'animaux pour faire de la poudre aphrodisiaque. De son côté notre placide héros débite du texte insipide et pseudo philosophique avec l'air monocorde d'un présentateur météo, ce qui donne quelques moments surréalistes comme lorsque après que l'on ai lâchement égorgé son pauvre faon de compagnie Tyler distribue quelques bourre pifs et mets en garde les chasseurs criminels en leur disant "Je suis un mec qui veux qu'on lui foute la paix ,sinon je vous chaufferai les oreilles", le genre de sentence meurtrière qui te calmerait n'importe lequel des criminels les plus endurcis de la terre. En gros la tension monte crescendo nous préparant pour un bien trop court mais assez jouissif affrontement final.

Blastrfighter outre ses personnages caricaturaux et ses dialogues un peu cons (mais souvent très écolo-responsable) y va à fond dans l'action décomplexé du bulbe et le n'importe quoi. Au moindre impact les voitures explosent et s'embrasent et lorsque Tyger Shark décide enfin de se venger, il fait des sauts de cabris et des roulé boulé pour échapper aux balles des ennemis, se cache dans les feuilles mortes , joue du couteau, étrangle et trucide à tour de bras. Car ce ne sont plus alors quelques chasseurs mais une véritable armée qui se retrouve face à notre héros placide et écolo lui offrant l'occasion d'exploser des mannequins en mousse, d'arracher des bras à coup de pétoire, de faire exploser des voitures, de nettoyer mère nature de ses profanateurs et le tout sans jamais se défriser la moustache. Si tout s’apprécie un peu mieux avec un minimum de second degrés, il faut noter aussi que Lamberto Bava joue à merveille de ses imposants décors naturels. Si quasiment tout le casting et l'équipe technique travaille sous pseudonymes on s'amusera tout de même à retrouver au générique du film le grand producteur de cinéma bis italien Luciano Martino , Fabio Frizzi à la musique (en tant que Andrew Barrymore) et Michele Soavi dans les acteurs (en tant que Michael Sorayan).

Blastfighter l’exécuteur est un sympathique petit film d'action et surtout un bon petit nanar. Il semblerait que Quentin Tarantino le considère comme le tout meilleur film de Lamberto Bava, ce qui en dit long sur le reste de sa filmographie. Personnellement et sans vouloir offenser Quentin, je préfère encore les deux Démons et Baiser Macabre.

Ma Note Nanar : 06/10