De l'arrivée d'un homme, Kamel de France, en Algérie jusqu'à son désir de repartir le film de Rabah Ameur Zaimeche nous propose un périple qui ne saura nullement assouvir la quête initiale d'une ailleurs de ce homme ayant été contraint de quitter la France en tant que prisonnier là-bas.
Un premier travelling avant nous plonge dans ce village algérien, suivi des retrouvailles entre Kamel et son entourage. Ici l'inconnu est synonyme d'espoir et de reconstruction pour Kamel. Ce dernier est rapidement intégré : sacrifice religieux de l'animal, filmé brutalement. Ou sont les femmes ? Kamel pose la question. Première interrogation et premier doute.
S'ensuit une succession d'évènements qui le confronte à une certaine désillusion et qui poussent Kamel à se questionner et à de nouveau désirer l'exil. RAZ interprète le personnage de Kamel, met en scène des moments de joie et vitalité notamment au contact de Louisa, femme du village, dans cette dynamique de désillusion progressive qui s'installe. Moment de joie qui rompt le rythme et sont sublimes : jouer au football avec avec des enfants, s'éclipser avec Louisa, mise en scène de parenthèses musicales avec Rodolphe Burger qui "musicalise" les pensées et la mélancolies de Kamel... Quel est réellement son bled numéro un ? La France qui m'a emprisonné ? L'Algérie ?Il ne le sait pas. On ne le sait pas.
En parallèle de l'exil de Kamel qui nous est montré, Louisa est maltraitée et marginalisée car elle a quitté son mari et souhaite chanter. Son désenchantement et sa quête d'ailleurs la rapproche de Kamel. Deux êtres au milieu d'un monde qu'ils ne désirent plus, qu'ils ne désirent pas, qu'ils veulent fuir.
RAZ entremêle et questionne dans son film les conditions d'existence des femmes de ce village algérien et d'un patriarcat qui les assomment, l'espoir d'un renouveau que la France est incapable d'offrir à son personnage, la désillusion de l'ailleurs et le poids des coutumes religieuses sur les habitants du village cela en nous offrant des "bulles de mélancolies" et d'un ailleurs dans cette dynamique, comme des ouvertures qui annoncent qu'une émancipation à travers la chanson, le jeu, la nature... est possible pour eux. Pour nous.