Même si Bleeder affiche une approche formelle et plastique qui s’apparente aux règles esthétiques du Dogme 95 avec sa caméra à l’épaule, son image un peu sale, ses acteurs très naturels et ses scènes qui donnent l’impression d’être improvisées, le film dénote et montre déjà l’émergence d’une volonté artistique atypique chez le danois. Bleeder s’impose comme la genèse d’un style, le témoignage de la naissance d’un auteur. D’une part, Nicolas Winding Refn tente des plans originaux : on y trouve des plongées vertigineuses, des travellings au ras du sol et des close-ups extrêmes qui donnent une impression de claustrophobie, d’enfermement. D’autre part, le réalisateur emploie aussi des couleurs très marquées, caractéristique qui se retrouve dans ses réalisations suivantes. Drive est dominé par le bleu et le vert, Only God Forgives par le rouge, et The Neon Demon nous offre une palette de couleurs très électriques. Ce travail est amorcé dans Bleeder avec l’utilisation fréquente de fondus au rouge, teinte vive qui évoque avant tout la violence, mais aussi l’amour.
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