Que penser de ce film... ?
Fernando Mereilles, et ce à cause d'une mise en scène absolument bancale, oscille avec Blindness entre le pur grotesque et le génie.
Saturation, grain, surexposition, gros plan, décentrages, décalages, l'image du brésilien est difficile à suivre, parfois immonde, parfois sublime.
Les acteurs surprennent (Mark Ruffalo en roue libre, c'est à ce demander pourquoi c'est ce rôle qu'on retient dans la liste de ses meilleurs films sur sens critique...).
Mais c'est la ligne scénaristique qui surprend le plus.
Pourquoi des personnes atteintes d'un virus dont on ne sait rien (ni son origine ni sa gravité) seraient elles faites prisonnières, sans aide, ni médecin, dans un dortoir qu'on assimilerait facilement à une prison, et seraient menacés d'êtres assassinés par les militaires à la moindre demande ?
De ce postulat absurde et sans logique aucune, Fernando Mereilles construit son fillm.
Certes l'idée d'une société formée d'inconnus forcés de vivre en communauté et en autarcie est alléchante. Surtout si ces personnes sont toutes devenues subitement aveugles.
Mais le film part vite en cacahuète, et l'ensemble s'avère frustrant, parfois gênant, parfois ridicule.
Si la gravité de certaines situations offusquent (le marché sexuel des habitant de la salle 3), celles-ci sont rendues souvent débiles par une musique et un humour absurdes et mal venus qui viennent annihiler toute tentative de créer une oeuvre sérieuse.
De plus les réactions des personnages sont toujours à coté de la plaque et jamais comme nous, spectateurs, aurions voulu que cela se passe.
Mais dans ce spectacle lénifiant d'illogisme on commence à percer l'intention réelle du réalisateur ; justement, nous faire réagir, nous mettre à la place de ses personnages et nous poser les bonnes questions.
Certes la mise en scène chaotique, poisseuse, souvent érotique et toujours étouffante ne rajoute rien. Mais l'intention est là, et elle nous taraude.
On se met à trouver derrière des scènes en apparence inutiles et dérangeantes une vraie signification mystique et des liens intelligents.
Mais, comme toujours, le film bascule sans cesse entre cette intelligence et cette mièvrerie finale qui nous fait éteindre la télé en nous disant : "Putain c'était génialement merdique."