Blink Twice est le premier film de Zoë Kravitz en tant que réalisatrice, et il démontre une ambition certaine, s’inscrivant dans la lignée des thrillers psychologiques et horrifiques contemporains. Avec une distribution qui inclut Channing Tatum, Naomi Ackie, et des visages familiers comme Christian Slater et Geena Davis, le film prend place sur une île paradisiaque qui cache rapidement un cauchemar sous sa surface luxueuse.
Le film débute comme un rêve éveillé pour Frida (Naomi Ackie), une jeune femme qui, après s’être incrustée dans une soirée huppée, est invitée par le milliardaire Slater King (Channing Tatum) sur son île privée. Cependant, ce cadre idyllique, rempli de fêtes décadentes et de plaisirs hédonistes, se transforme vite en un piège angoissant. Kravitz, qui a conçu l’idée lors du tournage des Animaux fantastiques en 2017, déploie ici une mise en scène soignée et oppressante, jouant habilement avec les codes du genre pour instaurer un malaise grandissant.
Le film excelle dans sa création d’une atmosphère anxiogène, grâce à un travail minutieux sur le son et la lumière, qui souligne l’ambiguïté et la menace latente de chaque scène. Les moments de silence prolongés, les ruptures de rythme, et les plans serrés sur les expressions des personnages contribuent à cette tension omniprésente. Pourtant, malgré une réalisation techniquement maîtrisée, Blink Twice souffre d’une certaine prévisibilité et de quelques facilités scénaristiques. Le récit, qui se veut une critique acerbe des excès et des abus de pouvoir, finit par être un peu trop balisé, manquant parfois de la subtilité nécessaire pour pleinement convaincre.
Le film évoque, de manière allégorique, des thèmes contemporains comme la culture du viol et l’émancipation féminine, tout en flirtant avec les limites du genre horreur. Cette approche permet de mettre en lumière les dynamiques de pouvoir et les violences faites aux femmes, sans toutefois échapper complètement aux clichés du genre.
En fin de compte, Blink Twice est un film audacieux qui, malgré ses imperfections, marque un premier essai prometteur pour Zoë Kravitz en tant que réalisatrice. Si le film ne parvient pas toujours à éviter les pièges de la narration simpliste, il reste une œuvre intrigante, portée par une ambiance visuelle et sonore efficace, ainsi qu’une réflexion pertinente sur les dérives du pouvoir.