Un diamant contre ta famille, ma vie contre ton honneur.

J'ai toujours eu une affection particulière pour Blood Diamond. Pas exempt de défaut, il n'en reste pas moins l'un des rares films à être allé au bout d'une idée, d'une critique, ou pourrait-on dire d'une vision des choses en l'assumant de bout en bout. Même le côté hollywoodien de la fin ne vient pas gâcher la force et le message de Blood Diamond.

Quand on va en Afrique au cinéma...le message est souvent le même. C'est magnifique mais c'est pauvre, c'est accueillant mais violent, il y a toujours une demi mesure entourant le discours. Ce que j'ai aimé avant tout dans Blood Diamond c'est cette absence de "mais". Le film est puissant et suit un chemin précis. Un chemin critique, avec beaucoup de défauts certes, c'est assez hollywoodien par moment, on retrouve quelques cordes qu'on a déjà beaucoup tirées, mais au moins, Blood Diamond ne se cache pas et montre toute la violence entourant les diamants.
On pourra le voir autrement, mais Blood Diamond est d'un pessimisme terrible malgré sa fin "heureuse". Toute cette violence, toute cette haine pour l'alliance de madame. C'est beaucoup pour pas grand chose ! Peut-être que Blood Diamond manque d'objectivité, manque de distance, dresse tel ou tel portrait d'une Afrique...mais au moins il propose un portrait sans se cacher derrière du faux optimisme, derrière des "regardez, y'en a qui...".

Mais en fait, avant Blood Diamond, c'est d'abord pour Edward Zwick que j'ai une profonde affection. Ce type film avec une simplicité et une intelligence qui donnent à ses films ce côté humain, réaliste et proche. Il donne à ses personnages une humanité qui fait vibrer. Il arrive à faire transpirer la haine comme lorsque Solomon se déchaine de violence sur son ennemi qui lui a pris son fils. Il arrive à mettre en scène toute la détresse des camps de réfugiés. Il arrive à détruire le clichés des bons contre les méchants (manichéisme toussa toussa....). Ce n'est pas qu'une critique, c'est aussi un message Blood Diamond, un message qui ne vous arrêtera pas d'acheter un diamant mais qui montre tout le chaos qui peut entourer une source de richesse.
Zwick est doué quand il s'agit de transmettre et mettre en avant chaque homme. On retrouve la place importante des relations humaines comme dans Le Dernier Samouraï. Car il dépasse le simple côté "réaliste". Zwick raconte une histoire quand il fait du cinéma. Ils ne sont pas si nombreux à savoir raconter des histoires aujourd'hui.

C'est encore plus facile de raconter une histoire humaine quand DiCaprio est aligné avec Jennifer Connelly (Le diamant je lui offre quand elle veut d'ailleurs) et l'excellent mais trop rare Djimon Hounsou. Ce trio tisse au fil des minutes une relation formidablement bien construite (et humaine ! C'est à dire une relation avec des égos, des désaccords quoi !). Car ils n'étaient pas fait pour se rencontrer, leurs idéaux s'opposent, leurs buts sont antagonistes mais la vie les a liés pour le pire et le meilleur. L'un veut de l'argent, l'autre son fils. L'un veut récupérer son honneur et sa vie, l'autre veut sauver sa peau. Archer et Vandy, Vandy et Archer ne s'aiment pas, ils partagent peu de chose mais la guerre et la haine rapprochent.

Accompagnez cet ensemble d'une BO très agréable et d'une réalisation d'une propreté infaillible et Blood Diamond est forcément un très bon film. Blood Diamond est forcément un film qui vient vous faire frémir, qui vient vous transmettre des émotions. Au-delà de la fin hollywoodienne, putain qu'on s'en carre d'ailleurs, Solomon l'a mérite tellement cette fin ! Ce héros malgré lui est le plus beau des héros.
Edward Zwick est un messager de l'émotion quand il veut, Blood Diamond est une épopée critique et humaniste dans une Afrique violentée et détruite par l'appât de tout (mais.....c'est beau...un safari quand même oh !). Esthétiquement magnifique, Blood Diamond est un superbe film comme on en fait peu. Un film puissant, émotionnel, idéaliste autant que pessimiste, un film que j'aime, forcément !