Il y a dans "Blood Diamond", outre un divertissement ultra malin et d’une qualité exceptionnelle, un sentiment plus vaste. Celui d’un accomplissement face à un film, hollywoodien exempt pour autant de toutes les tares que cette expression convoque instantanément.
Fini le scénario d’action classique et bourrin.
Finis les sentiments faciles et trop évidents pour émouvoir.
Finie la violence gentille et propre.
Edward Zwick livre ici un film de facture exceptionnelle qui constate avec un humour noir caustique et toujours tranchant de la réalité abominable qui déchire aujourd’hui le continent africain. En ne lésinant pas sur la violence, qu’il rend toujours dure et sans fard, Zwick prône un réalisme cinglant et mordant qui prend aux tripes sans pour autant s’éloigner de l’objectif filmique et fictionnel que le film maintient, et ce sur 2 heures et quelques 20 minutes qui passent à la vitesse d’un trop court éclair, grâce à une intrigue originale et des personnages riches. Notamment celui, ultra cool et décomplexé d’un Leonardo Dicaprio encore une fois prodigieux, qui délivre son lot de scènes jubilatoires et très drôles (comme l’ironique déambulation dans une ville mise à sac par des rebelles sanguinaires). Sans être caricaturaux, les personnages qui l’accompagnent sont tout aussi justes ; que ce soit la jeune (et sublime) Jennifer Connely, à l’aise dans son rôle de journaliste occidentale (personnage récurent des films de ce genre, ici traitée avec beaucoup plus d’ingéniosité) aux désirs humanitaires qui, face à une réalité beaucoup plus sombre qu’imaginée se retrouve désemparée ou encore celui de Djimon Hounsou qui, loin d’être le "noir de service" comme beaucoup de trop de films américains en emploient, se retrouve véritablement le personnage principal, viril et paternel, offrant quelques scènes déchirantes quant au sort de sa famille. Ces acteurs exceptionnels, sont ainsi au service d’un film au message politique fort et habile, mais qui dépasse véritablement ce simple aspect revendicateur pour se révéler vrai film autant d’action, d’aventure, de justice que de sentiments. Ainsi on se retrouve, sans vraiment s’y être attendus, face à une sublime histoire d’amour, restant non-dite et ne cédant jamais aux facilités scénaristiques du sexe ou de la fameuse scène de baiser qui unit deux personnages que tout opposait au préalable. Zwick nous épargne tout cela pour préférer pour son film cette romance inavouée et simple, d’autant plus belle qu’elle se conclut tragiquement et sans véritable pathos forcé. Si la force d’un scénario plein de malice et d’intelligence reste la plus grande qualité du film, la mise en scène n’en reste pas moins appréciable. Le tout est admirablement filmé, aussi efficacement que stylistiquement, rendant bien compte, par un jeu avec les couleurs, de l’ambiance de l’Afrique et de ses lumières. Une bande originale magnifique et une caméra incisive et immersive viennent s’ajouter à ces nombreuses qualités pour permettre une totale et tout aussi jubilatoire que percutante immersion dans un continent à feu et à sang que le film réussit admirablement à décrire.

Créée

le 27 févr. 2016

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Charles Dubois

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