Cruelle, poétique, éprouvante, l’œuvre de Jang Chul-Soo est sans doute l'un des meilleurs films asiatiques de ces dernières années. Porté par un duo d'actrices aussi sublimes que surprenantes, Bedevilled pose son ambiance malsaine dans un cadre des plus idylliques et enchaîne les scènes de tension familiale avant une dernière partie versant dans le slasher pur. On retrouve également une critique pertinente de la lâcheté citadine, avec une Hae-Won rejetant tout responsabilité face au conflit. En dénonçant les injustices sociales et le sexisme traditionnel de son pays, le réalisateur signe un premier film déstabilisant, à la mise en scène maitrisée et au scénario simple mais passionnant. On regrettera néanmoins le manichéisme profond des personnages et la démarche un brin trop féministe, les hommes étant présentés comme des obsédés sexuels imbéciles et violents. Le calvaire de Bok-Nam (quel personnage magnifique) reste tellement frustrant que Bedevilled en devient presque une expérience, le spectateur se retrouvant sans cesse face à des interrogations d'ordre moral qui rendent le visionnage encore plus immersif. Une réussite.