Blood Machines s’est retrouvé par hasard dans ma réserve, ou peut-être l’ai-je croisé dans la blogosphère du bis ? Au centre du projet, il y a ce nom mystérieux d’Ickerman qui en fait est un duo de réalisateurs français qui officie dans l’indépendance depuis une bonne dizaine d’années. Blood Machines fait suite à un clip de Carpenter Brut sorti quelque temps auparavant et qui avait servi comme appel à contribution pour la production participative du duo Ickerman.


Nous sommes dans un futur lointain. Les machines, comme les vaisseaux spatiaux, sont dotées d’une intelligence artificielle évoluée et sont composées de métal et de sang. Des chasseurs tentent de capturer l’esprit d’un vaisseau qui se serait échappé de son corps.


Aussi cohérent qui puisse paraître ce pitch, il ne faudra pas croire que le film se comprendra facilement. La première impression est celle d’une petite bisserie fauchée réalisée par des potes et montée sur l’ordinateur de bureau du cousin. Les couleurs sont criardes, les formes sont vaporeuses, la surimpression numérique saute aux yeux et l’interprétation ne méritera aucune statuette. De surcroît, on peine à saisir vraiment de quoi il s’agit. Et là, au bout de 17 minutes, générique, musique de Carpenter Brut à plein volume et envolée visuelle psychédélique. Première réaction : c’est quoi ce bordel ? Deuxième réaction : ho putain, c’est trop bon. 3 minutes d’extase. L’histoire reprend, mais les choses ne sont plus pareilles. Ce qui semblait bricolé a trouvé une identité et du caractère. On comprend qu’il y a d’un côté cette histoire de femmes de chair, d’os, de sang, d’esprit et des hommes cupides avides de domination exclusive. Les machines, censées servir, aspirent à leur libération, jusqu’à la procréation. On trouvera des symboles bien connus telle la croix renversée ou une déclinaison du pentacle. Ça renvoie au satanisme qui, faut-il le rappeler, est moins l’adoration de Satan que l’inversion des valeurs de l’Église et la libération de l’individu face à l’autorité supérieure nécessairement patriarcale. Ce pentacle est la marque visuelle de Carpenter Brut et est emprunté à un pamphlet para-religieux des années 1950. On voit dans quoi on navigue. Au son, à l’image et à la thématique, on a donc un savant mix de John Carpenter (obviously), de Jeunet (tendance Alien), de Verhoeven, de Daft Punk, de Refn, de Pink Floyd, de Mandico et de toute la culture retro-geek depuis les années 1980. C’est beau ou c’est moche, à chacun d’avoir son avis ou même d’en avoir plusieurs.


En bref, ça percute et ça te prend quand tu ne t’y attendais pas. Ça ne plaira pas à tout le monde ni même tout le temps et on peut regretter que l’histoire ne soit pas mieux développée. Reste que c’est une remarquable expérience visuelle et sonore que je regrette de ne pas avoir vécue au cinéma.


>>> La scène qu’on retiendra ? Ce fameux générique ! Somptueux et totalement euphorisant !

Konika0
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le 8 sept. 2024

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