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La créature légendaire des Carpates n'a pas encore dit son dernier mot



  • Tu as bu du sang ?

  • C'est le seul moyen de les arrêter. Où ils tueront tout le monde à bord. On y arrivera, promis...

  • Le mal est en toi. Tu ne peux pas le contrôler.




Qui a dit que le vampire au cinéma c'est devenu ringard ?



Blood Red Sky de Peter Thorwarth est un film d'horreur américano-allemand produit par Netflix dans lequel l'on suit Nadja (Peri Baumeister), une mère de famille accompagnée de son jeune fils Elias (Carl Anton Koch), qui doit prendre l'avion pour se rendre aux États-Unis afin de rencontrer un médecin supposé traiter sa maladie et les effets morbides qu'elle entraîne. Manque de bol, le vol est détourné par des pirates de l'air bien décidé à faire exploser l'appareil. Un récit des plus classiques qui rapidement va se transformer en un enjeu de survie pour les pirates de l'air qui vont se retrouver à être des proies pour Nadja qui depuis le départ est une vampire qui lutte contre les symptômes du génome vampirique. Le génie de l'histoire provient de son bouleversement de genre qui sans prévenir bascule le thriller en une horreur totale via une intrigue principale aussi vivace que morbide et macabre. Une mise en place scénaristique pleine de pulsion, d'émotion, de suspense, de tragédie, d'action, d'horreur, et de gore. Le tout, savamment dilué à travers une dramatique approfondissant le mythe du vampirisme par le biais d'un humanisme déchirant incarné par l'amour d'une mère et de son fils. Une tragédie shakespearienne où Nadja se retrouve plongée dans un terrible dilemme : celui de conserver son humanité en n'intervenant pas au risque de voir son fils mourir, ou bien prendre part au combat s'abandonnant à l'animal démoniaque en manque de sang jalonnant son être profond au risque de ne plus reconnaître son enfant et le dévorer elle-même. Une portée dramatique bouleversante idéalement portée par un développement allégorique intelligent qui focalise son essence autour des liens protecteurs entre une mère et son engeance. Un périple raconté avec succès dont il est seulement à regretter quelques trous de rythme via des scènes de flashback importants pour comprendre le pourquoi du comment du vampirisme de Nadja, mais qui s'avère un peu trop long.


La cinématographie est impeccablement sobre jusqu'à la composition musicale de Dascha Dauenhauer, avec une conception des costumes et des décors à la hauteur, dont un sacré plus autour des maquillages. Les maquilleurs prothésistes font un malheur en donnant vie à des vampires particulièrement angoissants dont les traits bestiaux semblent s'imprégner de l'œuvre phare de Friedrich Wilhelm Murnau : "Nosferatu le vampire",  sorti en 1922. Une inspiration bienvenue autour d'une conception vampirique effrayante qui va pousser au maximum la bestialité et l'instabilité de la créature. Un prédateur brutal auquel on intègre par le biais de Nadja une subtilité rafraîchissante à l'origine d'un réalisme troublant pour un effet brillant. En découle des contaminés dégageant des vibrations malsaines inquiétantes, qui avec leurs apparences épouvantables et leurs comportements sauvages, nous rappellent qu'avant d'être des créatures de la nuit glamourisée par un excès de romantisme, les vampires sont des monstres terrifiants et cauchemardesques. Une appréciation qui contribue à rendre une pièce de théâtre particulièrement sanglante avec une quantité parfaite d'action gore sur un huis clos haletant dans lequel les rebondissements implacables s'enchaînent. Un survival horror percutant pour un spectacle entraînant dont on ne perd pas une goutte de sang des morsures effroyables provoquées par des canines surdéveloppées.


Niveau distribution et performance d'interprétation, le talent est au rendez-vous. La comédienne Peri Baumeister pour Nadja est bouleversante. Une exécution redoutable qui prend aux tripes et au cœur avec des tirades dramatiques particulièrement émouvantes. Une femme qui depuis des années lutte contre la contamination vampirique en s'injectant régulièrement une solution douloureuse lui permettant de ralentir et de préserver son sang. Une torture de tous les instants qu'elle encaisse depuis des années pour son jeune fils, Elias. Le jeune comédien Carl Anton Koch pour Elias m'a bluffé. Il incarne avec crédibilité un fils lié à sa mère qui va devoir suivre un parcours initiatique diabolique et crève cœur dans lequel il assiste impuissant, malgré son soutien constant, à la déchéance de sa mère qui peu à peu vacille. Avec sa mère, Elias forme une paire d'une pertinence étonnante. Un duo subtilement casté pour une incarnation, une écriture et une réalisation saisissante. La séquence où Nadja ne cesse de rejeter Elias qui ne cesse de revenir vers sa mère les bras tendus est bouleversante. Pour ce qui est du casting secondaire, Kais Settiben tant que Farid présente un personnage appréciable qui rapidement se lie à Elias avec une résonance crédible. Toutefois, je reste circonspect lors de la séquence où celui-ci se fait passer les menottes alors qu'il est amputé d'une main : il y a comme une problématique dans l'équation, vous ne croyez pas ? Côté méchant avec les pirates de l'air on retiendra Dominic Purcell (que je suis ravi de retrouver) pour Berg, le chef des opérations. Mais l'Oscar de la pourriture et de la perfidie revient à Alexander Scheer sous les traits d'Eightball. Un véritable psychopathe qui en mode vampire est particulièrement angoissant.



CONCLUSION :



Blood Red Sky de Peter Thorwarth est un thriller horrifique très sanglant qui remet au goût du jour le vampirisme par une traduction mature de la légende qui va exploiter son aspect cauchemardesque par des effets de maquillage superbes, et une construction dramatique mature tragique articulée autour de l'amour entre fils et une mère. Avec un savoir-faire général pertinent et audacieux, la plateforme Netflix est au rendez-vous de ce film d'horreur au résultat haletant, éprouvant, effrayant, engageant et bouleversant.

 
De Bram Stoker à Nosferatu le vampire en passant par Dracula interprétés par Bela Lugosi, Christopher Lee, Jack Palance, Ducan Regehr, David Nive ou encore Peter Fonda, jusqu'au controversé Twilight, le mythe ne cesse d'évoluer pour le meilleur et pour le pire; et tant que des représentants comme Blood Red Sky existeront l'emblème maléfique n'est pas prêt de sombrer.



Mesdames et messieurs. Comme vous le voyez, on contrôle l'avion. On veut que l'opération se déroule sans accroc. Sinon... utilisez votre imagination.


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le 30 juil. 2022

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