"Le cinéma, c'est le mensonge 24 fois par seconde ..."
De tous les films de Brian De Palma, "Blow out" est sans doute le plus fort ; la synthèse ultime de ses obsessions. A une intrigue grandiose où rebondissements et séquences d'anthologie se succèdent tour à tour s'associe une réflexion métaphysique, chère à De Palma, qui se rapproche sans doute d'avantage d'Hitchcock et de son "Fenêtre sur cour" que d'Antonioni et de son "Blow up" (a priori principale source d'inspiration du film) : celle du pouvoir falsificateur du cinéma. Que ce soit le métier de preneur de son de Jack, de maquilleuse de Sally ou encore l'immense complot politique qui constitue l'ossature du film, tout renvoie à cette transformation du réel, au mensonge mécanique ; à une mise en abîme du rôle de cinéaste, dense, riche et dérangeante.
C'est aussi une œuvre bouleversante sur la seconde chance, où chaque élément visuel (le mouvement mécanique et incessant des bobines sonores et du pneu, les vertigineux panoramiques et travellings circulaires que De Palma sait si bien faire) semble rappeler la spirale implacable dans laquelle les protagonistes sont inéluctablement aspirés ... jusqu'à un final grand en émotion et lourd de sens, presque allégorique de tout le pessimisme du cinéaste. Apogée visuelle et thématique d'un réalisateur méritant plus que jamais ce titre, "Blow out" est sans doute, avec "Dressed to kill" (pour d'autres raisons), le chef d'œuvre absolu de De Palma. Et la définition même de "l'expérience cinématographique".