Depuis quelques films déjà, Tarantino a comme un besoin de légitimer la violence qu'il filme. Bien sûr, dans les grandiloquents « Kill Bill », l'histoire de vengeance n'était qu'un simple prétexte permettant un déluge de combats et d'effets en tous genres. Mais ce besoin de légitimation semble s'être encore affermi avec « Inglorious Basterds », où la violence est permise car elle s'effectue à l'encontre des nazis, le film allant même jusqu'à encenser un certain fascisme – mais un fascisme justifié, puisqu'il vient en réponse au mauvais fascisme –, devenant ainsi moralement des plus douteux. A priori, on repartait donc pour la même chose avec ce « Django unchained », qui semble finalement se contenter de substituer l'esclavage à l'Holocauste ; et pourtant, cela passe bien mieux ici. Non pas que le problème ne soit plus là, mais le genre dans lequel s'inscrit le film – le western spaghetti – permet beaucoup plus de choses, reprenant l'image d'un Ouest sans foi ni loi où seul le langage des colts prévaut, et délivrant (comme à son habitude) quelque chose d'extrêmement divertissant porté par l'excellence de ses trois principaux interprètes (on pourra rétorquer que sa réalisation précédente lorgnait aussi sur le western, mais le décalage spatio-temporel qu'il revendiquait nécessitait un minimum de précautions).


Le film n'en devient toutefois pas pour autant moralement clair ; s'il tente parfois d'abolir la barrière entre le Bien et le Mal (notamment lors de la scène où Django exécute un homme près de son fils), Tarantino continue de justifier la loi du Talion, ne laissant absolument aucune chance de rédemption à ses personnages ; le dernier meurtre est à cet égard assez significatif. Lorsque le personnage de joué par Samuel L. Jackson s'avance, totalement désarmé face à Django, on pourrait s'attendre à des paroles possédant au moins une once d'humanité – même si ce n'était qu'hypocrisie pour sauver sa peau (après tout la lâcheté est humaine). Que nenni : l'homme, figure absolue du Mal, retombe aussitôt dans un flot de propos orduriers et racistes, confirmant que le seul sort qu'il mérite est bel et bien la mort. Si le cinéaste tient tant à fournir une répartition des personnages si simplistes et des enjeux si schématisés, qu'il ne sente pas obligé de se justifier : on préfère largement le non-sens, voire le grand-guignol de ses œuvres précédentes.

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le 26 mai 2013

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