Blow Out vient refermer la période des années 70 et ses films paranos sur fond de mensonges et manipulations politiques (Les Hommes du Président, Les 3 jours du Condor, ...), en réaction au scandale du Watergate et ses impacts profonds au sein de la société américaine.
Comme souvent chez De Palma, le film brille surtout pour sa forme, avec des mouvements de caméra "aériens" habiles, de très belles couleurs (principalement nocturnes) et une ambiance toujours à la frontière du chaos et du malsain sous le vernis rassurant de notre civilisation et de ses comportements normés.
L'inspiration d'Hitchcock est évidemment très présente, avec la mise en place d'un jeu de voyeurisme qui vient directement confronter le spectateur aux aspects les plus sombre de nos sociétés (prostitution, meurtres, mensonges).
La séquence d'ouverture est très réussie, proposant une mise en abîme cinématographique - si pareil film d'horreur était sorti je serai sûrement allé le voir ! De même les scènes dans la gare
(fellation dans la cabine téléphonique, meurtre dans les toilettes)
sont très réussies.
Ironie du sort : pour un film centré sur le son, la musique n'est elle pas toujours inspirée à certains moments (notamment les partitions de jazz).
La partie thriller est quant à elle plus convenue, moins vraisemblable aussi. On pourra s'étonner de certains éléments
(le manque de protection autour d'un potentiel futur Président en campagne, le fait que l'enquête ne semble pas intéresser grand monde et est trop facilement et rapidement étouffée)
ajouté à des incohérences de comportement
(le fait que Jack n'accompagne pas a minima Sally à la rencontre du journaliste alors qu'il sait que le pire se prépare - et qu'il avait déjà eu une mauvaise expérience similaire !)
.
De Palma ne fait clairement pas du fond sa priorité, plus intéressé à instaurer cette ambiance si particulière, le point culminant étant cette fin brutale et choquante, l'une des grandes forces du film (et assurant ainsi un 7/10).
Concernant les acteurs, j'ai été agréablement surpris par le jeu de John Travolta que j'ai trouvé bon, appliqué, habité, prêt à perdre tout ce qu'il a pour exposer la vérité au grand jour.
A l'inverse j'ai eu du mal avec Nancy Allen (surtout au début du film), qui semblait réciter mécaniquement un texte appris par coeur. Un peu comme notre OSS 117 national, je me suis longtemps demandé : est-elle soit très intelligente soit complètement stupide ? Un peu des deux sûrement ... Jon Lithgow malgré peu de texte incarne bien son personnage, détestable de par son jeu doucereux, instaurant un lien de confiance avec ses proies pour mieux leur tomber dessus.
Que dire enfin du magnifique dernier plan du film ? Nul doute que Jack, désabusé et retournant à sa condition de faiseur de spectacle, dont la voix est inaudible face à une conspiration qui le dépasse et l'engloutit (un monteur de son aphone en quelque sorte), restera longtemps hanté par son dernier enregistrement ...