"If I had the Navy and Marines behind me, I'd be a muthafucka too!"

Deux renois et un polak travaillent dans une usine automobile. Ce n’est pas la dernière blague raciste de votre oncle aux idées quelques peu limites et à la descente facile qui se prend pour le roi du calembour à tous vos repas de famille, mais le topo du premier film de Paul Schrader. Scénariste phare des années 1970, il nous livre pour son premier passage derrière la caméra un thriller à forte consonance sociale avec le Détroit période fordisme en toile de fond.

On suit ainsi le quotidien de trois amis ouvriers qui se débrouillent avec leur maigre salaire : le calme et tranquille Jerry (Harvey Keitel), le bavard, gesticulant et survitaminé Zeke (Richard Pryor) et le grand frère dragueur au passé douteux Smokey (Yaphet Kotto sa bonne bouille et son phrasé unique). Les machines, la tôle, la sueur, le brouhaha, les taches abrutissantes et répétitives … mais aussi les relations entre ouvriers ou les rapports avec la hiérarchie et surtout les responsables syndicaux, jamais le quotidien d’une usine n’a était si bien retransmis. Jusqu’au jour où nos trois loustics réalisent un braquage et découvrent un secret trop lourd pour eux.

La réalisation sobre et efficace du film associée à son rythme lent retranscrivent à merveille les moments quotidiens des ouvriers et dépeignent efficacement l’évolution de la relation qui lie nos trois héros. Exploitation ouvrière par le système en place, corruption des syndicats, racialisation du discours social, ce film aborde des thématiques quasi absentes du cinéma hollywoodien de l’époque. Il illustre aussi parfaitement les différents moyens qu’une telle organisation peu mettre en place pour faire taire ceux qui en savent un peu trop. Le film nous offre au passage des dialogues croustillants et quelques scènes magistrales (cette scène dans la salle de peinture).

L’atmosphère au départ sympathique se durcit au fur et à mesure et le petit sourire que l’on avait sur le visage disparaît suite à la petite claque que l’on vient de se manger dans la tronche.
Clode
8
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le 23 juil. 2014

Modifiée

le 6 nov. 2014

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Clode

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