Blue Giant est un anime décliné du manga éponyme de Shinichi Ishizuka. L’histoire suit Dai Miyamoto, un lycéen vivant à Sendai, dans la préfecture de Miyagi, dans sa quête de devenir le plus grand saxophoniste ténor.
Le film se distingue avant tout par l'audace de sa matière et sa qualité graphique atypique. Le sujet est, de prime abord, peu attrayant : un anime qui est avant tout une déclaration d’amour au Jazz, mettant en scène un jeune groupe de musiciens sur la voie de la popularité, n’est pas un choix de sujet courant au cinéma, et encore moins pour ce qui est de l'animation japonaise. Pourtant, Blue Giant parvient à capter notre attention dès les premières minutes, grâce à la minutie et la profondeur des personnages développés, à la beauté des thèmes abordés, tels que la persévérance, la passion et le dépassement de soi. L’histoire s’illustre également par une intensité dramatique et émotionnelle inattendue, déversant sur nous des vagues d’émotions que l’on ne voit pas venir.
Le film est une ode au Jazz, et la musique tiens une place centrale dans cette production, pour le plus grand bonheur des aficionados (ou le plus grand déplaisir de ceux qui détestent).
L’animation est magnifique, sublimant les séquences musicales de manière prodigieuse. Les couleurs et l'éclairage sont des aspects également très aboutis de la production.
Le film connaît tout de même quelques longueurs, notamment en raison de son format de deux heures. Par ailleurs, la première heure est beaucoup moins captivante que la seconde ce qui pourrait décourager le public le moins réceptif. L’intrigue et l’intensité dramatique prennent beaucoup de temps à se manifester (mais la patience est récompensé).
Le mariage des techniques d’animation employées lors de certains passages dénote par moment. En effet, les scènes de concert, lorsque les musiciens se meuvent en jouant de leurs instruments, sont abordées avec des images de synthèse, tout en jouant les trompe-l'œil avec un rendu traditionnel (une sorte de rotoscopie arrangée), qui malheureusement manque d’homogénéité avec le reste du film. Prises à part, les séquences brillent tout de même pour leurs qualités graphiques évidentes, notamment lors des flashs surréalistes.
Blue Giant est une œuvre tout à fait hors normes, dont le thème atypique surprend par son efficacité. C’est aussi une invitation à découvrir le Jazz, sous des aspects qu’on ne lui connaissait pas. D’un point de vue purement récréatif, le spectacle remplit sa fonction, et on ressort de notre projection avec tout un orchestre de saxophones dans le cœur. Finalement, le résultat est exceptionnel à plus d'un égard.
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