Blue Giant
7.2
Blue Giant

Long-métrage d'animation de Yuzuru Tachikawa (2023)

Un film sur le jazz. Un genre « passionné et intense ». Une mise en lumière des sentiments. Peindre avec un saxophone sur une toile des notes de musique. Cependant, à la fin du long-métrage, certaines fausses notes ne passent pas…


La teinte bleutée d’un Tokyo jazzy est plaisante pour les yeux. Une atmosphère particulière s’en dégage lors de la découverte de la mégalopole par le jeune saxophoniste de 18 ans. La frénésie des couleurs à l’écran lorsque que Dai se lance dans un solo endiablé est du plus bel effet. Comme si les sons se transformaient en couleurs et les couleurs en une énergie communicative et électrique. Vous l’aurez compris, j’ai apprécié l’animation de ce long métrage, cependant qu’à de trop rares moments… En effet, les scènes de vie hors concert sont animées correctement sans être transcendées par des idées de mise en scène ou de pure animation originales ou marquantes. Néanmoins, l’utilisation beaucoup trop fréquente de l’animation 3D est vraiment dommage. On passe du somptueux au vomi visuel. Somptueux notamment lors du solo de fin qui offre un spectacle hallucinant et halluciné. Un festival de lumières, comme des projections spectrales de musique au reflet dorée de toute beauté. Vomi visuel lorsqu’on reconnait à peine les personnages et qui donne une artificialité dérangeante et repoussante aux images. Autres aspects du film qui m’ont déplu, sans non plus rentrer dans la détestation comme le dernier, est la caractérisation faiblarde des personnages. Celle-ci m’apparaît bien trop simpliste et même parfois clichée. Le scénario est classique et convenu (surtout si on est un peu connaisseur d’animés ou mangas en tout genre). Cependant, forcé de constater que l’histoire est efficace et les personnages attachants. Par contre, le surlignage constant des émotions et les facilités scénaristiques pour augmenter artificiellement le poids dramatique des situations est pénible et gâche le spectacle. Cela est surtout vrai pour la deuxième partie du film, non que la première soit un sans-faute de subtilité, elle demeure bien plus légère et digeste.


Blue Giant avait un potentiel qui a été gâché par les points évoqués précédemment. Aimant le jazz j’ai néanmoins apprécié les références musicales et l’ambiance sonore du film. De plus, le long-métrage dégage une énergie positive qui fait du bien. Les réflexions portant sur la relation talent/art, sur ce qu’est concrètement faire de la musique et dédié sa vie à ça m’ont plutôt intéressé sans atteindre la stimulation que m’ont apporté certains effets visuels à la frénésie contagieuse (le seul et unique véritable point fort non discutable du film à mon avis). Même si je n’ai pas trouvé que ce « Blue Giant » soit un très bon film, j’ai passé dans l’ensemble un visionnage plutôt plaisant malgré ses énormes défauts (j’ai parfois frôlé l’indigestion). Chose importante et non négligeable, cela m’a donné envie d’écouter encore et toujours du jazz…

Antoine-R
6
Écrit par

Créée

le 13 avr. 2024

Critique lue 12 fois

Antoine R.

Écrit par

Critique lue 12 fois

D'autres avis sur Blue Giant

Blue Giant
Yoshii
6

Le Jazz , musique psychédélique

Concilier les douces mélodies du jazz et les couleurs vives du manga est un pari un peu fou, qui plus est lorsqu'il est sous forme de Seinen silencieux (mangas-bd pour jeuens adultes), mais réalisé...

le 7 mars 2024

13 j'aime

17

Blue Giant
Jibeto
9

La géante bleue

Est-ce que je viens d'assister à un film ? Ou à un concert ? Ou peut-être les deux ? Quelle claque monumentale purée quelle claque ... Le genre de film qui te donne envie de te bouger, de faire des...

le 8 mars 2024

7 j'aime

Blue Giant
GilmourDuncan
4

Soufflé par le Jazz

Tokyo, le jazz, un film d'animation. En apparence rien ne pouvait me déplaire dans ce Blue Giant que j'attendais dans les salles françaises de pied ferme.Et pourtant, j'ai été déçu, très déçu par ce...

le 13 mars 2024

5 j'aime

4

Du même critique

Tout sur ma mère
Antoine-R
7

Critique de Tout sur ma mère par Antoine R.

« Tout sur ma mère » est le premier film de Pedro Almodovar que je visionne. Un mélodrame au charme particulier. Un style qui apparait comme unique et évident…D’accord, c’est donc ça un film...

il y a 19 heures

Soulèvement
Antoine-R
6

Un film de sabre coréen sur la lutte des classes

Un film de sabre coréen sur la lutte des classes scénarisé par le réalisateur d’« Old Boy »…« Soulèvement » de Kim Sang-man est un film ambivalent. Subtil et grossier. Profond et archétypal. A...

il y a 19 heures

Lola
Antoine-R
6

Une comédie musicale sans en être une...

« Lola », sorti en 1961, est le premier long métrage de Jacques Demy. Ce film apparait comme une esquisse des « Parapluies de Cherbourg », son ainé qui sortira 3 ans plus tard et remportera la...

le 29 juin 2024