Seule Cate Blanchett pouvait récupérer un personnage irrécupérable !
On désespérait de revoir Woody Allen au sommet de sa forme après son tour folklorique des capitales européennes. On peut être rassuré,car "Blue Jasmine" est son meilleur film depuis des lustres,celui où il retrouve une grande partie de sa verve,de sa malice,de son désenchantement aussi. Quelque part entre la fable féroce,la comédie de mœurs et le mélodrame bien triste,ce film est avant tout celui de la divine Cate Blanchett. Il n'est pas exagéré de dire qu'elle est désormais la plus grande actrice du monde. Qui d'autre aurait pu incarner avec autant de subtilité,une telle mise à nu mentale et physique ce personnage de grande bourgeoise déchue accroc à l'alcool et aux antidépresseurs? Jasmine,à qui l'on s'attache malgré tout,est une femme lâche,superficielle,égocentrique,intolérante qui semble presque se complaire dans l'autodestruction à force de mensonges et de manque de politesse. L'auteur new-yorkais s'amuse de sa confrontation sociale avec sa sœur de San Francisco(Sally Hawkins, rayonnante),tellement plus simple. Les répliques vachardes pleuvent,et Miss Blanchett se délecte à les envoyer. La spontanéité et l'honnêteté sont deux qualités essentielles dans la vie,que Woody Allen remet au premier plan,avec noirceur,cynisme et une certaine bienveillance.