Juste une remarque sur le beau montage 'serre-livres' (pas une critique).
La femme du larron, aveuglée par le qu'en dira-t-on, passe de logorrhéique à psychotique?
Je l'ai revu et je remarque enfin qu'il commence et finit par quasi la même scène pathétique.
Elle commence, assise en avion de luxe à côté d'une femme qu'elle ennuie sans s'en rendre compte,
et elle finit, assise sur un banc de parc à côté d'une femme qu'elle ennuie (et effraye un peu), sans s'en rendre compte...les deux voisines s'éloignent.
J'aime ces films au montage 'serre livres' (je ne sais pas comment il s'appelle: bookcase editing?): non pas qu'il commence par une scène de la fin (montage dont je ne suis pas fan),
mais que les deux scènes de début et fin se font échos, comme des quasi sosies mais avec une différence.
La déclassée sociale est encore amusante au début, perdue dans sa logorrhée égocentrée sans écoute pour sa voisine, qui est piégée sur ce 'banc' en première classe d'avion;
son double à la fin lisant le journal, peut encore s'échapper sur la pointe de pieds,
et laisser la dame qui parle toute seule, nourrir les corbeaux invisibles qui tournent autour de sa tête. Elle me rappelle 'La femme aux oiseaux' de Mary Poppins...
Et mes clichés de dessins animés d'enfance où des assommées ou fous voyaient des étoiles ou coucous, orbiter autour de leur crâne.
Cate Blanchett finit comme une de ces nombreuses SDF qui peuplent nos rues.
Patrick Peloux explique depuis 2002 que le retrait des psychiatres des services d'urgence et la fermeture d'unités, a transformé les rues en asiles à ciel ouvert.
"Ne me touchez pas" criait une personne encore cette semaine dans mes rues, boule-de-billard-isant d'un passant à l'autre sans qu'aucun ne puisse aider.
C'est un signe de grande humanité de la part de Woody que de montrer de la compassion pour des gens riches en détresse.
Soon-Yi Previn (la fille adoptive de l'actrice Mia Farrow et que du chef d'orchestre André Previn), aurait donné l'idée du film à Allen lorsqu'elle pointa du doigt une employée lors d'une de leurs sorties shopping de luxe: "c'est l'ex femme" du millionnaire.
Aveuglée par le qu'en dira-t-on? Elle ne voit pas que le riche jeune héritier l'aime pour elle, et non, pour son image sociale.
Elle cache son passé avant de se remarier. Mais comme Meryl Streep dans Kramer contre Kramer, Cate Blanchett veut bien défendre son personnage, car elle semble cacher ce passé par orgueil et honte sociale, plutôt que par perfidie et cupidité. Elle ne veut pas être pauvre mais n'est pas Angelica Huston dans les Arnaqueurs prête à tout et même tuer son fils,
mais elle est plutôt la soeur éloignée de Gillian Anderson de Chez les heureux du monde harcelée par la pression sociale du 'qu'en dira-t-on' peint par Edith Wharton.
On peut imaginer que si elle avait été plus sincère avec Peter Sarsgaard, ils seraient mariés et heureux car il l'aime.
On peut imaginer que si elle avait été plus chanceuse et pas rencontré son ex beau-frère aigri et en colère, ils seraient mariés...mais malheureux le jour où enfin, il apprenait son passé.
Comme lors de la scène de cette même découverte dans La Perfide, que Woody a du voir en 1950 quand il voyait tous les films...
SC et Aurea m'ont fait découvrir ce film où Joan Crawford a caché son passé à son mari riche et très amoureux: Wendell Corey, comme Peter Sarsgaard, lui dit qu'il aurait dépassé cette info.