Blue Ruin par noirjouvence
Chaque année, Deauville a le droit à un ou deux ovnis qui ne semblent pas avoir leur place dans la compétition officielle. Non pas que les films soient mauvais, mais plutôt proposés à un public concrètement inadapté. Blue Ruin en est le parfait exemple, et sa sélection à l’Etrange Festival 2013 confirme la crainte évoquée. Car ce film, déjà présenté à la Quinzaine des Réalisateur de Cannes, est bel bien un film de genre. Il est d’autant plus triste de faire ce constat que le film est parti pour être l’un des meilleurs films de la compétition.
Vigilante anti-manichéeen, porté par la performance incroyable de Macon Blair, le second film de Jeremy Saulnier abandonne toute once de comédie pour ne proposer qu’une épopée noire et déstabilisante. Evidemment, c’est donc du western que Jeremy Saulnier décide de tirer le plus de codes. Créant un microcosme de vengeance ne menant à aucun but apparent, soulevé par un désir violent et presque pervers, le réalisateur propose une odyssée surprenante où de simples personnages, parias par leur aspect ou leur passé, s’entrechoquent dans des accès de rage outre-mesure. Jouant sur un doute perpétuel du spectateur concernant la logique de ses personnages, à l’aide d’une vision minimaliste des dialogues, rares mais primordiaux, le réalisateur se rattrape rapidement en élevant à crescendo la vengeance, qui laisse alors place à une guérilla préventive, elle même source de nouveaux conflits.