Blue Valentine par hautec0m3p0mmes
Entre un amour adolescent typique et la décadence de cet amour dans le mariage, Blue Valentines est LE film que les fatigués de la mièvrerie attendaient.
Un jeu de caméra très fort nous embarque, toujours entre deux eaux, dans la triste réalité de la flamme qui s'éteint : Des plans très rapprochés dans des pièces toujours fermées lorsque les scènes parlent du présent de Dean et Cindy, et des scènes lumineuses en extérieur pour l'apogée de leurs sentiments.
Michelle Williams et Ryan Gosling sont absolument formidables, crédibles en couple envoûté tout autant qu'en infirmière fatiguée qui ouvre les yeux sur l'état de son mariage, qu'en père dévoué qui refuse d'y voir plus clair. C'est au final une angoisse et un désespoir qui nous envahissent, face au constat que ni l'un ni l'autre ne sont responsable de la dégradation de leur situation. Plus le film avance, plus les scènes du passé prennent un tournant dramatique et non plus agréable, car l'issue semble tout à fait inévitable.
Il n'arrivent plus à s'entendre, à se comprendre et à se parler sans l'avoir jamais voulu, par l'usure du temps qui les a rongés. On ne peut s'empêcher de verser quelques larmes devant cette fatalité.
Notons quand même que cette image pessimiste du mariage est sans nul doute plus réaliste et objective que tous les movies à l'eau de rose américains, mais que le mariage peut perdurer dans cette "amouritié" parfois observée chez les couples engagés depuis de longues années : un amour des habitudes, une tendresse partagée et une complicité latente avec les épreuves et la vie traversées ensemble.
Il n'empêche que le mythe du couple jeune qui pense qu'il échappera, lui contrairement à tous les autres, aux affres du temps qui passe, est sacrément amoché.