De l’extérieur, Inside ne payait pas de mine. Un spectacle en distanciel, en exclusivité Netflix, au sujet du confinement, au cours duquel il avait été écrit, tourné, et monté, par Bo Burnham, que je connaissais ni d’Ève, ni d’Adam. Autant dire que j’étais assez dubitatif. Et pourtant, les notes et avis dithyrambiques laissés à la dérive sur divers agrégateurs de notes finirent par me convaincre de me lancer, et puis, après tout, ça ne dure qu’1h27. 1H27 plus tard, un petit quelque chose avait changé en moi. Entendons nous bien. Inside n’est pas plus que ce qui en a été vendu, il est assez énervant par instants par consensualisme de «l’homme blanc de gauche américain». Mais, pour quiconque a en gros entre 15 et 30 ans, a vécu la crise du COVID-19 en 2020, Dieu que c’est précis, habile, pertinent. Les morceaux sont tour à tour drôles, acerbes, émouvants, ironiques, passant parfois d’une émotion à l’autre, comme dans le brillantissime «White Woman’s Instagram», qui m’a fait exploser en larmes, coupant le rire gras qu’il m’avait donné à peine quelques secondes avant. Inside parle brillamment de dépression, d’enfermement, de solitude, tout en posant un regard joueur sur la société (gniiii sociéter, je sais c’est ridicule), et constitue inévitablement un film générationnel, au sens où il ne peut parler qu’à une génération en particulier. Et pourtant, quel bonheur de se sentir compris, de sentir qu’on est pas seul, c’est un bonbon doux-amer. Et quand on en ressort, tout est pareil, et pourtant… Pourtant quelque chose a germé, ou s’est brisé en moi. Je ne saurais le dire.