Ils seront sûrement encore nombreux les esthètes qui, à travers ce "Boarding Gate », loueront une fois de plus la démarche jusqu’au-boutiste d’Olivier Assayas pour ce qui est du parti pris formel. Et, comme à l’habitude, il y aura tous les autres qui, parce qu’ils ne viennent au cinéma pour regarder une démonstration de techniques abstraites, s’ennuieront de pied ferme de la première à la dernière minute. A vrai dire, toute la question est là : comment peut-on encenser un film qui n’est qu’une simple mécanique qui tourne à vide ? Car oui, que tous le reconnaissent, ce film ne parle de rien finalement ! Effrayé qu’il est d’avoir à répondre à ne serait-ce qu’un seul code en vigueur dans le cinéma contemporain en terme de construction narrative, Assayas déconstruit tout à tout bout de champs, quand ce n’est pas pour laisser certains passages de son intrigue totalement en friche. Une telle démarche, à ce point poussée à l’extrême, ne relève même plus de l’obscurantisme, elle relève carrément du mépris absolu pour le public. Si c’est là la quintessence du cinéma - ne plus chercher à transmettre mais s’extasier sur des mécaniques qui tournent à vide - alors le cinéma n’a plus rien d’un art, c’est de la simple technique. Navrant.