Réalisation soignée mais pas mal déçu quand même, je m'attendais à un personnage plus flamboyant, le titre est du genre trompeur, Bob le faiblard aurait été plus adéquat. Pour l'histoire je m'attendais aussi à mieux. C'est un exercice de style appliqué qui reprend tous les poncifs du film américain dit de casse et ce n'est pas des plus passionnants ni des plus subtils. On dirait un supplément gratuit de la collection les Classiques du Caper Movie pour les Nulos. Les différents épisodes enchaînent le parcours classique : la constitution de la bande de loulous, l'histoire de l'ex-voyou qui voudrait prendre sa retraite, mais qui est obligé de faire un dernier coup, le hold-up du casino de Deauville qui est parti pour être bien foireux, l'amitié virile entre truands idiots, la trahison du petit salopard de service, les relations équivoques entre la pègre et les flics, la garce sexy mais fatale, les citations de Billy Wilder, John Huston, Jean Pass et D.Meyer.
Il reste paraît-il la poésie et le charme de l'atmosphère du Paris des années 50. Sauf qu'il faut le prendre au sens scientifique du terme, une atmosphère qui filtre tout le rayonnement solaire pour un film qui s'enlise alors dans la nuit, la grisaille et la torpeur.
Melville ne s’embarrassait pas de repérages, il avait l'habitude de filmer dans ses locaux personnels du studio Jenner , il a dû faire la même chose pour choisir les acteurs, probablement ses voisins, ou ses partenaires de poker. Roger Duchesne pour Bob est un acteur méconnu et qui gagne à le rester. La voix off est horrible. Le personnage de l’entraîneuse (Isabelle Corey) a 15 ou 16 ans et montre ses charmes pour de rares petits moments de distraction. J'imagine le déroulement de son casting sous le regard d'un metteur en scène proche de la quarantaine avec son chapeau et ses lunettes noires. Mais je ne ferai pas de commentaires, car cela ne nous regarde pas.
Je note malgré tout 5 pour les pavés mouillés, les néons de Pigalle, les rues de Montmartre, la 4cv et l'impressionnante filmographie de Melville.