Pour son sixième long-métrage en tant que réalisateur, Emilio Estevez s'entoure d'un casting de premier choix pour évoquer l'assassinat de Robert Kennedy, frère de JFK et candidat à la Maison Blanche, et surtout pour revenir sur l'époque troublée dans laquelle se débat l'Amérique lorsque survient ce nouveau drame national.
En effet, si le film s'intitule "Bobby", celui-ci n'apparaît que sous forme de discours en fond sonore ou d'images d'archives habilement mêlées à des séquences cinématographiques, de sorte qu'aucun acteur n'est nécessaire pour incarner Robert Kennedy.
Hélas, on apprend très peu de choses sur l'assassinat proprement dit, hormis le contexte socio-politique, puisqu'aucune explication n'est fournie ni sur les auteurs/responsables du crime, ni sur leurs motivations.
Estevez s'intéresse en fait à toute une galerie de personnages plus ou moins secondaires, qui composent un instantané de la société américaine en 1968, celle qui fonde beaucoup d'espoir sur l'arrivée au pouvoir du sénateur de New York.
On rencontre ainsi des employés de l'Hôtel Ambassador, qui sera le théâtre de la tragédie, des militants de RFK, des opposants à la guerre du Viêt-Nam, etc...
Ce film choral permet ainsi au fils de Martin Sheen de brasser divers thèmes de société, tels que la situation des minorités ethniques par exemple, en confiant à chaque comédien une poignée de scènes plus ou moins marquantes.
Au sein de cette distribution pléthorique, Freddy Rodriguez, Lindsay Lohan et Lawrence Fishburne sont ceux qui m'ont fait la meilleure impression, mais il reste cette impression gênante de dilution du propos dans une multitude de saynètes hétéroclites.
Chaque segment bénéficie d'une issue optimiste - sans doute pour contrebalancer la tragédie qui se joue en arrière-plan, et l'ensemble apparaît assez anecdotique et superficiel.
Le regard bienveillant porté par Estevez sur ses personnages confine ainsi à la complaisance vis à vis de cette Amérique des années 60.
Voilà donc une évocation des sixties qui se laisse regarder gentiment, mais qui manque indéniablement de souffle et de profondeur pour s'inscrire durablement dans les esprits.