Un opus pas du tout fantastique pour le réalisateur de Detention, mais tout aussi frénétique et excitant que son prédécesseur. Sorte de fausse séquelle de 8 Mile (le film est de fait produit par Eminem), Bodied nous replonge de plein pied dans le monde haut en couleur des rap battles, combats de rimes infestés de jeux de mots et d’injures lyriques, si intraduisibles qu’on a parfois envie d’applaudir les pauvres sous-titreurs qui doivent trouver des équivalents à chacune des bombes lâchées par les personnages ! Le héros, Adam, est un blanc-bec fils de bourgeois littéraires passionné par ce monde sulfureux, qui approche ses cadors sous couvert d’étude universitaire, avant de s’immiscer lui aussi dans ces battles avec une verve qui ne fait que grandir… Mais dans Bodied, les duels de mots n’ont aucune limite, et Kahn s’applique intelligemment à faire comprendre que notre époque est plus impitoyable que jamais avec tout ce qui s’éloigne des normes.
Le cloisonnement social, le politiquement correct, la liberté d’expression, la gentifrication des cultures populaires… Bodied, sous ses allures de récit initiatique particulièrement amer et rentre-dedans, s’avère incroyablement dense, sans jamais oublier d’être hautement divertissant (tous les personnages, incarnés pour certains par de véritables pros de la discipline, sont soignés et inoubliables) et fréquemment hilarant !