Le genre du slasher dégage une odeur d'années 80 et même s'il n'a jamais été tant finaud hé bien il était divertissant rien que dans son concept d'avoir des meurtres de plus en plus dingues s'enchaîner jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une, une survivante face au tueur.
Depuis quelques années une vague de film d'horreur de seconde zones, souvent estampillés Blumhouse, s'amuse à transformer des jeux enfantins type action ou vérité ou les escape game en jeux de massacre. Souvent très cons, mal réalisés et tout ce qu'on veut, le slasher moderne blumhousien reste un tant soit peu divertissant par son jusqu'au-boutisme assumé pour peu que l'on se mette dans l'état d'esprit de ses 15 ans.
Le wokisme est ce que l'on pourrait définir comme les revendications politiques puisées dans les outils d'analyse des sciences sociales qui ont emergés dans les années 70, grosso modo, les colonial / women studies. Outils intéressants en science, le passage politique et in fine au grand public renvoie une image déformé et peu flatteuse de leurs utilités réels dans la lecture du monde, arrivant souvent à des absurdités.
Drowning pools est un groupe de metal qui a composé la chanson Bodies en 2001 dont le refrain est la seule chose mémorable. Et cette maigre connexion entre le titre du film et cette chanson est bien la seule chose positive du film. C'est bien la preuve que je ne suis pas de mauvaise foi, j'ai cherché un point positif, le voilà.
Bodies bodies bodies tente de flirter avec ces trois aspects prenant le pire là où il est. Des personnages caricaturaux du slasher, on nous présente ces mêmes stéréotypes en version lesbienne ce qui donne un goût amer de pinkwashing forcé alors qu'on aurait très bien pu développer des personnages (ou du moins essayer).
Du blumhouse on tentera de surfer sur l'idée de transformer le jeu du loup-garou en tuerie sans que les règles du jeu ne tiennent plus de 5 minutes. On gardera en revanche la mauvaise réalisation.
Du slasher, on ne montrera que des meurtres en hors-champ sans le côté sanglant et grandguignolesque de la chose. La surenchère d'hémoglobine passera dans la surenchère de blague et de référence au wokisme en usant et déformant les termes à souhait. Mais ce n'est même pas là l'essentiel du film. En fait, je ne saurais même pas définir ce qu'est l'essentiel du film. Il y a une sorte d'histoire d'amour là-dedans ! Hé oui ! Et un type que l'on n'a jamais vu mais qui est mentionné une fois apparaît à la fin. Hé oui ! Et le tueur c'est personne ! Hé oui ! Ils sont comme ça les scénaristes, plein de surprise mais vide de talents. Hé oui ! Le film tournera un moment autour du pot dans l'espoir de jouer avec ce principe du loup-garou (qui qui c'est qui tue) mais sans y arriver à aucun moment.
De Drowning pools on empruntera le fait que tout le monde ait oublié le nom du groupe, mais on ne gardera rien de ce qui peut être mémorable. Bodies bodies bodies sera donc vite oublié.
À mi-chemin entre l'horreur et la comédie horrifique, le film ne sera ni l'un ni l'autre et on se demande ce que l'on vient de voir si ce n'est un clone balourd de slasher pour adolescents americains terminés dans le mauvais trou. À aucun moment on ne ressentira de la tension, ni de la terreur, ni l'envie de rire, ni même l'envie de se trancher les veines. On ne ressent rien. On croit à tout moment que Saint-Pierre va nous ouvrir les portes du royaume de Dieu mais non, on est pas mort, le film se termine et on est soudainement surpris d'être encore là, sur terre. Sans peine ni sans joie. Surtout sans joie.