Un drôle de classique de la perversité

Il est clairement difficile de regarder "Body Double" au premier degré, tant De Palma en fait des tonnes dans sa "célébration" cynique de la laideur eighties et de la décadence du cinéma - ici réduit à ses expressions les moins nobles, le film d'horreur de série Z et le porno. Quasiment aucune scène n'est épargnée par l'outrance : personnages déviants interprétés sans aucune finesse, vision glauque du sexe et de la femme comme objet de voyeurisme masturbatoire, déréalisation complète de la moindre péripétie (le sommet du "n'importe quoi" provocateur étant sans doute atteint lors du coup de foudre "sexuel" tourbillonnant entre Jake Scully et Gloria Revelle !)… Pourtant, "Body Double" passionne - et est devenu une sorte de classique certes malade, mais reconnu, du Cinéma - parce qu'il conclut en beauté la période post-hitchcockienne et théorique de De Palma (qui s'essaiera ensuite au cinéma des studios, avec les résultats divers que l'on connaît), en faisant une synthèse habile des théories du Maître telles que déclinées dans "Vertigo" et "Rear Window" (voire même un tantinet de "Psycho"). Sommet de perversité, "Body Double" fascine par l'intelligence avec laquelle De Palma affronte sans complexe la dégradation du cinéma au sens le plus noble, englouti ici sous les images vulgaires et efficaces (pensons au clip de Frankie Goes to Hollywood). [Critique écrite en 2015]

EricDebarnot
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le 1 janv. 2016

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Eric BBYoda

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