La décennie 1970 a été l'occasion pour Brian De Palma de réaliser des films aux accents Hitcockiens comme Hi Mom, Sisters ou encore Obsession. Cependant, son propre style, basé sur le thème de l'identité et du voyeurisme, se créera avec ces films, avec comme point d'orgue Body double, qui est un récapitulatif de ce que De Palma a appris de Hitchcock.
Le film raconte comment un acteur de série Z va être chargé par un directeur de casting de surveiller sa maison, basée en hauteur, et il lui donne l'info comme quoi une jeune femme se trémousse à la fenêtre d'à côté, visible à l'aide de jumelles. Cependant, ce pauvre type, nommé Jake Scully, ne va pas tarder à se rendre compte qu'il est tombé dans une machination...
D'une certaine façon, Body Double ressemble à un film que Hitchcock n'aurait pas pu faire, eu égard à la censure de son époque, mais on retrouve beaucoup de son style. Les jumelles arborées par Jake Scully rappellent bien évidemment Fenêtre sur cour, la claustrophobie du personnage renvoie au vertige de James Stewart dans Sueurs froides, et bien évidemment, la présence de Melanie Griffith renvoie énormément à celle de Tippi Hendren, qui joua dans Les oiseaux. Sans oublier une scène finale évoquant bien sûr Psychose, avec un plan final qui est comme pour dire à Hitchcock que De Palma a fait ce que la censure lui a empêché à cette époque.
C'est ce qui rend le film vraiment passionnant, en plus de proposer une histoire haletante à base de double (tiens donc...), et d'identité, à travers le personnage principal brillamment incarné par Craig Wasson. Celui-ci va tomber amoureux de cette silhouette qui se déhanche la nuit, et ira jusqu'à la traquer dans un final renvoyant à un célèbre plan des Enchainés, mais en plus sexuel.
Car le sexe a également beaucoup sa place dans le film, avec Melanie Griffith qui joue une actrice X, et qui aura un rôle capital, et dans la représentation de la nudité, qui se fera souvent de façon frontale à Jake Scully. Après tout, si il squatte cette maison, c'est qu'il ne peut plus rentrer chez lui après avoir surpris sa copine en train d'en chevaucher un autre !
Les années 80 auront globalement réussi à De Palma (si on excepte cette horreur qu'est Mafia Salad), mais pour Body Double, il a finalement tourné une page créative. Page qu'il n'a pas totalement fermée, quand on voit Femme fatale ou Passion...
Pour en revenir à Body double, le film reste une formidable réussite visuelle ET narrative, où je me suis laissé complètement prendre au dépourvu, et souvent plaint ce Jake Scully, baladé de femme en femme.