Cette sordide histoire mêlant sexe, voyeurisme, obsession névrotique et assassinat est un hommage non dissimulé à Hitchcock, c'est même très probablement le film de De Palma le plus hitchcockien, il l'a revendiqué et l'a assumé sans retenue, puisqu'il s'amuse à détourner 2 grands films du Maître (Sueurs froides et surtout Fenêtre sur cour) par le biais d'un thriller étonnant de perversité. Tout ce à quoi assiste son voyeur, le spectateur y assiste aussi ; le voyeur qui devient observateur involontaire au départ, se retrouve aspiré par l'intrigue savante échafaudée par De Palma. Comme Hitchcock, il se plaît à précipiter le spectateur dans une intrigue dont il possède seul le fil d'Ariane ; brouillant les pistes et les indices, il joue avec les apparences et la réalité, le vrai et le faux, le blanc et le noir...
On s'aperçoit quand même de ses limites, notamment dans la longue séquence de la filature qui reste un bel exercice de mise en scène, mais il lui manque le génie qu'avait Hitchcock et cette aisance exceptionnelle pour décrire de façon simple les choses les plus importantes. Comparé au Maître, De Palma n'est qu'un élève, certes très doué et très habile, et je suis d'ailleurs suffisamment attentif à son travail pour en admirer les aspects. C'est le cas ici.