Alors bien sûr, l'histoire est connue. Les hits foisonnent, le personnage central est charismatique à souhait, et son destin, étroitement lié à celui du groupe Queen, méritait assurément un long métrage. Encore fallait-il trouver le juste dosage entre réalisme et émotion. La mission confiée à Bryan Singer (avec un nom pareil, comment se planter ?) est accomplie avec ce "Bohemian Rhapsody" digne de l'attente suscitée par ce projet de Biopic chez les fans de Freddie Mercury, soit quelques dizaines de millions de personnes, au bas mot.
En un peu plus de deux heures, le parcours de la Rock Star est retracé avec tact (trop peut-être ?), depuis son début de carrière hésitant alors qu'il n'est qu'un modeste étudiant londonien jusqu'à son chant du cygne, ce fameux Live (Aid) à Wembley en 1985. C'est d'ailleurs dans cette partie finale, ébouriffante et filmée en immersion dans le stade, que l'on prend conscience de la bête de scène qu'il incarnait. Et donc du chemin parcouru par ce petit "Paki" (il était en fait originaire de Zanzibar) complexé par sa dentition proéminente pour devenir une icône absolue de son époque. Ces années 1970-80 qui resteront à jamais l'âge d'or du Music-Hall, de l'émancipation planétaire de la société du spectacle, et que les générations suivantes regardent avec nostalgie à bien des égards. Sauf pour le Sida, qui sanctionna au prix fort les excès d'une étoile aveuglée par sa propre lumière.
Le grand intérêt de ce film réside avant tout dans l'illustration de ces moments-clés où l'artiste révèle son génie, que ce soit dans l'effervescence d'un studio d'enregistrement ou la quiétude d'une maison de campagne. On pourra toutefois regretter que les zones d'ombre de sa période cuir-moustache n'aient pas été explorées plus profondément, mais là n'était sans doute pas l'objectif. Un être humain capable d'enthousiasmer les foules à ce point suscite une légitime fascination, teintée d'indulgence. L'image de l'idole n'est pas écornée outre mesure, et ses tubes ("Bohemian Rhapsody" évidemment, mais aussi "We are the Champions", "Don't Stop Me Now" et bien d'autres encore) continueront de stimuler notre mémoire collective. The Show Must Go On. Queen et son leader indissociable, fidèlement interprété par l'étonnant Rami Malek, font partie de ces monstres sacrés de la culture Pop-Rock, que l'on range volontiers au rang des mythes modernes. Même sans Freddie ou Aznavour pour la chanter, la Bohème a encore de l'avenir...

Libaber
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le 2 nov. 2018

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