Quelle angoisse. Boîte noire prend aux tripes, lentement mais sûrement, et ne peut pas laisser indifférent tant l’histoire qu’il raconte, toute aussi réaliste qu’inventée par les scénaristes, accroche le spectateur à son siège. Deux choses sont pour moi à retenir de ce film avant tout. La première est le talent du réalisateur et des scénaristes, s’expliquant par leur capacité à connecter le spectateur aux enjeux de l’histoire. Du début à la fin, on y croit. Au fond, l’objectif est « simplement » d’établir la vérité sur l’affaire, un crash ayant déjà eu lieu, d’en identifier les causes. Seulement, le spectateur est absolument convaincu que l’obtention de cette vérité est cruciale, fondamentale, indispensable, comme si le monde entier en dépendait. En réalité, cela voit plus loin que ça, car c’est aussi l’histoire d’un homme qui se dresse face son supérieur, ses collègues, sa femme, car il est convaincu que la vérité est autre que celle à laquelle ils ont naturellement adhéré. Cette envie de voir cet homme triompher et finalement obtenir la reconnaissance qu’il mérite grandit tout au long du film, au point de devenir un poids insupportable. Et de là vient aussi la deuxième chose étant pour moi à retenir d’un tel film : la performance de Pierre Niney, colossale à souhait. Quelques recherches m’ont permis d’apprendre que Pierre Niney avait décidé, pour s’approprier son rôle, de suivre pendant plusieurs semaines un agent du BEA correspondant selon lui à son personnage. Pierre décrit lui-même son entreprise en disant : « J’ai fait une sorte de travail journalistique : je l’ai suivi, je lui ai parlé et lui ai demandé l’autorisation de le filmer pour pouvoir m’inspirer de ses gestes, sa façon de travailler, sa rapidité d’exécutions clavier. Le métier d’acousticien est très technique, c’était important de pouvoir reproduire les choses assez précisément ». Cela m’a fait penser à Emile Zola, ayant lui-même côtoyé des mineurs avant d’écrire son roman culte Germinal (1885). La démarche de l’acteur est formidable, et surtout, elle paye, car Pierre Niney ne pourrait être plus convaincu dans son rôle d’acousticien. Il colle à la peau de son personnage et emporte le spectateur avec lui tout au long du film. Un grand bravo. Le résultat est finalement un film extrêmement prenant, qui saura emporter tout spectateur avec lui, et qui mérite tout le bien qui est dit de lui.