Six ans après Un homme idéal, nous retrouvons le duo Yann Gozlan et Pierre Niney pour Boîte noire, un film clairement ambitieux vu le soin donné à la direction artistique, au son et à la mise en scène. Le scénario est parfois alambiqué, mais ça n'a pas d'importance, car on est pris par le jeu des acteurs et l'ambiance paranoïaque de l'ensemble. C'est un thriller oppressant avec un Pierre Niney qui habite littéralement son personnage.
En Octobre 2020, le vol Dubai-Paris va mal se passer et l'avion va se crasher dans les alpes avec ses 300 passagers. Une enquête s'ouvre alors pour connaitre les causes de l'accident avec les enregistrements de la boite noire. Et pour étudier le son dégradé de la boite noire, ils font appel à Mathieu Vasseur (Pierre Niney). Très vite, il va suspecter un possible attentat terroriste, avant de peut-être se rendre compte qu'il faisait fausse route ? En tout cas, il devra enquêter en toute discrétion en se méfiant de son épouse Noémie (Lou de Laâge) qui est en conflit d'intérêt puisqu'elle bosse elle aussi pour l'industrie aéronautique. Il devra aussi composer avec son patron Philippe Rénier (André Dussollier).
Dans Boite noire on est tout le temps sous tension, on a pas une seule seconde pour respirer. Le film est vraiment prenant et intense, bien qu'un peu trop alambiqué par moments. Parfois, ça part dans tous les sens et on s'y perd un peu. Et disons le clairement, y'a des moments où Yann Gozlan va trop loin et met vraiment à rude épreuve notre suspension consentie de l'incrédulité ... parfois c'est un peu trop gros pour y croire, quoi ! Je pense notamment au dernier acte du film (les vingt dernières minutes) qui enchaine les situations les plus rocambolesques les unes que les autres, le summum du "too much" étant le coup du lac (ceux qui ont vu le film me comprendront). Mais dés que le film retourne dans ses fondamentaux et joue sur l'aspect psychologique et sur la paranoïa (un peu à la Hitchcock), ça fonctionne du feu de Dieu.
Et puis on ne peut pas parler de ce film sans mentionner Pierre Niney. C'est simple, il porte littéralement le film sur ses (frêles) épaules. Il est vraiment formidable, comme dans bon nombre de films dans lesquels je l'ai vu jouer. Et à chaque fois, il nous montre une palette de son jeu qu'on ne soupçonnait pas. Dans Boîte noire, son jeu est fascinant, pouvant alterner entre force et fragilité. C'est un personnage ambiguë, avec des failles. On a envie de lui faire confiance aveuglément et puis la seconde d'après il se montre totalement irrationnel. C'est un type qui est dans le contrôle, mais qui va perdre le contrôle. Et puis à ses cotés, nous retrouvons Lou de Laâge, André Dussollier, Sébastien Pouderoux et Olivier Rabourdin qui font ce qu’ils ont à faire et ils le font proprement.
Bref, Boite Noire est un très bon thriller psychologique situé dans l'univers de l'aéronautique. Les détails techniques des avions ou des règles de sécurité aérienne donnent un réalisme impressionnant au film. Pierre Niney prouve une fois de plus que c'est l'un des meilleurs acteurs de sa génération. Le rythme est oppressant jusqu'au dénouement final inattendu. Le réalisateur Yann Gozlan nous refait le coup (Un homme idéal) et signe un thriller hitchcockien comme un hommage au grand maitre. Que ce soit la musique, les cadres, les courses poursuite ... tout fait penser au maitre du suspense. Je le recommande chaudement !