Animée par la volonté bien française de faire léger avec un sujet grave, et habituée à la comédie, au pire dramatique, Marion Vernoux signe ici son neuvième long-métrage. Piotr (Nicolas Duvauchelle), traumatisé crânien suite à un accident de voiture, alors que sa compagne Marilyn (Ana Girardot) conduisait, se trouve en proie à une alternance de moments de prostration et d’accès de libido débridée. Situation éminemment ambiguë, entre tragique et érotique, et qui aurait demandé à être traitée avec beaucoup de doigté.
Au lieu de cela, Marion Vernoux, entraînée par son choix d’un regard qui ne voie que le comique, verse dans le graveleux, présentant le mâle en rut sous un aspect loufoque et créant une série de situations totalement en porte-à-faux, servies par des dialogues indigents. Le film ne commence à se hisser à la hauteur de son sujet que vers le dernier quart, lorsque se présente le problème de la garde du traumatisé frontal : restera-t-il auprès de sa compagne, qui en vient, pour subvenir à leurs besoins financiers décuplés, à marchander les états priapiques de son compagnon auprès de ses amies en mal de mâle ? Se trouve alors mise à profit l’énergie sexuelle de Piotr, digne d’un papa lapin... Ou celui-ci se trouvera-t-il confié par les autorités socio-médicales à la bonne garde de sa mère, qui obtient de sa progéniture, à grand renfort de chimie, un état plus décent mais proche du légume, selon l’alternative formulée par le médecin référent lui-même (excellent François Rollin) ?
La question qui est ici posée rejoint de réelles interrogations thérapeutiques et sa justesse permet d’ailleurs sans doute la meilleure scène du film, campant le dialogue surréaliste qui s’instaure entre le malade et l’assistante sociale chargée de dresser un rapport conclusif avant que soit tranché le destin de Piotr.
On ne peut s’abstenir d’imaginer la tournure prise par ce film si la partenaire initialement envisagée pour donner la réplique à Nicolas Duvauchelle, la sémillante Sara Forestier, n’avait pas brusquement quitté le tournage au bout de quelques jours. Sans doute le charme et l’imprévisibilité de l’actrice, sa complexité voire son ambiguïté, auraient-ils formé un duo plus explosif, et moins hygiéniste, avec Nicolas Duvauchelle, réduisant ainsi l’écart entre le malade et la bien-portante et conférant à l’ensemble du film une tonalité plus affranchie, plus enlevée, plus subtile aussi...