Comment oublier la bouille ronde de Isamu, ses mimiques tordantes de petit bonhomme haut comme trois pommes, grave et frondeur à la fois, accroché aux basques de son grand frère, et qui ponctue toutes ses phrases d'un "I love you" incongru en quittant la maison ?
Minoru l'aîné, mène la danse, sérieux comme un pape, tenant la dragée haute à des parents dépassés par l'impertinence d'un rejeton qui n'hésite pas à remettre en cause la toute puissance des adultes en général et de ses parents en particulier.


Année 1960, banlieue de Tokyo : des lotissements pavillonnaires proprets qui se suivent et se ressemblent, réminiscences tatiesques s'il en est, petit clin d'oeil à Mon Oncle, et les portraits pleins d'humour de ses habitants, de ces familles surtout, où les épouses coulées dans le même moule, commères patentées, regardent, surveillent, observent, oeil acéré et langue bien pendue, les achats dispendieux de l'une, les écarts vestimentaires de l'autre, plus jeune, plus moderne, arborant sans vergogne ces "déshabillés occidentaux" dont elles s'offusquent avec une envie à peine déguisée.


La vérité sort de la bouche des enfants dit-on, jeunes êtres en devenir qui ont bien senti la faille chez ces géniteurs prompts à leur apprendre les bonnes manières, ces formules creuses et passe-partout qu'on désigne communément sous le terme de politesse.


Une hypocrisie générale que Ozu dénonce avec le sourire par le biais de petits garnements prêts à faire les quatre cents coups pour arriver à leurs fins, dont l'une, et non des moindres, porte le nom magique de télévision.
On leur reproche de parler sans cesse, d'être de véritables pies, qu'à cela ne tienne, ce sera désormais motus et bouche cousue : Les deux garçons entament une grève de la parole, bien décidés à ne pas céder aux menaces de la mère, aux discours moralisateurs du père ni même qu'à la douceur sucrée de leur jeune tante Setsuko, souriante et pleine d'empathie.


Un joli film, drôle et plein de tendresse cette fois, mais toujours la même lucidité dans la peinture de cette société japonaise en pleine mutation, de ce contraste entre jeune et ancienne génération qui, lui, est immuable, un Ozu souriant et léger en apparence, profond toujours.


https://bit.ly/3lHokrN

Aurea
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le 25 janv. 2013

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le 25 janv. 2013

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Aurea

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