Bonjour est telle la brise de printemps qui caresse le visage et berce les cheveux, un vent d'air frais qui nous ouvre au monde.
Fin des années 50, des morveux japonais veulent une télé pour voir du catch... pardon, du sumo. Dans Bonjour, vous ne trouverez point de râtelier à l'éclat hollywoodien (impressionnant de voir autant de dents de traviole), ni de stéréotypes ambulants. Ici, les mots et les regards obliques remplacent les flingues. Entre sourire et vague à l'âme, Ozu filme la vie quotidienne de familles japonaises, qui paraissent aux yeux de l'occidental follement exotique mais dont la portée se révèle très vite universelle.
Yasujirô Ozu croque des instantanés déclinés sur plusieurs thèmes qui lui sont chers : la difficulté de communiquer, le fossé entre générations et l'incursion de la modernité. La moindre chose a sa place, et même temps, le temps qui passe pèse sur tous les plans. L'identité de chacun est brossé avec soin, la réalisation épurée.
Au revoir les lieux communs, les esbroufes inutiles et les psychologies torchées. Bonjour les intrigues entre voisines, les écoliers mangeurs de pierre ponce et les mots qui mettent de l'huile dans les conversations.