C'est bien notre époque qu'épingle Judith Davis dans Bonjour l'asile, de manière très vigoureuse, à travers des personnages parfois coincés dans les réalités sociales alors qu'ils aspirent à vivre en dehors de ses contraintes. Cependant, le discours militant de la réalisatrice, qui pratique pourtant l'auto-dérision, s'égare parfois dans des messages trop transparents, à travers des protagonistes qui servent idéalement de cibles (l'homme au foyer, l'entrepreneuse, etc.) en opposition à un mode d'existence alternatif et collectif, forcément bien plus épanouissant, quoique ... Toujours est-il que Bonjour l'asile force la sympathie même si on n'adhère pas à tous ses partis pris, puisque qu'une utopie sera toujours préférable au monde actuel, qui privilégie les ambitions égoïstes. Toutefois, le côté foutraque du film dessert un peu son propos, en voulant aborder tous les sujets sans réussir à en approfondir vraiment un. La mise en scène, pour sa part, est très décevante, sans éclat, alors que il y a de l'énergie dans la plupart des scènes, portées par des interprètes, à commencer par Judith Davis, très dynamiques. Dans un casting sans grande tête d'affiche, l'on remarque notamment la prestation de Nadir Legrand, qui joue à la perfection et sans craindre le ridicule le rôle le plus caricatural du film.