Après Séraphine, qui lui a valu sept César en 2009, Martin Provost tente de peindre au cinéma le portrait de Pierre Bonnard et de sa femme, Marthe.
« Peintre du bonheur », Pierre Bonnard apparaît à l’écran comme un artiste intimidé face au monde qui l’entoure. Il est très vite rejoint par son énigmatique muse, Marthe, qui deviendra alors son épouse d’un demi-siècle et quasiment son unique modèle pour lui inspirer plus de trois cents œuvres. Le film nous fait découvrir leur histoire d’amour et de peinture. De leur rencontre à leur mort, ce couple a vécu à la scène comme en privé un éclat de passion. « Il sait que son travail est indissociable de ce qu’il éprouve pour vous », cette phrase prononcée par Édouard Vuillard résume si bien l’œuvre de Bonnard, dans laquelle Marthe détient une place combien importante.
Pour jouer Pierre Bonnard, le réalisateur a sélectionné Vincent Macaigne. Pari réussi pour l’acteur qui a été mis à la diète afin de ressembler au peintre. Quant à Marthe, Cécile de France a été choisie pour représenter ce personnage tourmenté, et quelle bonne idée ! L’actrice réussie le défi d’incarner cette femme en composant avec les différentes époques, entre cette possessivité maladive et son amour pour un Bonnard volatile.
Une photographie sublime entre nature, peinture et poésie. La roulotte de Vernonnet apparaît dans ce biopic, mais ne vous y prenez pas, ce n’est pas l’authentique. En effet, le réalisateur a fait le choix de ne pas tourner dans la maison de Vernonnet en raison de son « manque d’âme ». C’est donc une reproduction que vous verrez à l’écran, cela est dommage mais ne gâche en rien la chaleur de l’endroit. En revanche, les fonds verts sont inutiles et desservent le film, ainsi que les transitions pour clôturer les séquences (fondus au noirs) qui apparaissent douteuses. Les nombreuses scènes de nudité sont parfois avides de nécessité, et nous plonge dans les travers français…